France – Santé : Décès de Naomi Musenga, moquée par l'opératrice du Samu qui retarde la prise en charge médicale

D'origine africaine, Naomi Musenga, 22 ans, est morte à l'hôpital de Strasbourg en décembre. Fin avril, sa famille a dévoilé l'enregistrement de sa conversation téléphonique avec le Samu, quelques heures avant d'être hospitalisée. On y entend une opératrice ironiser sur la détresse de la jeune femme, avant de lui conseiller à plusieurs reprises de se tourner vers SOS Médecins.

C'est un document glaçant qui a été révélé, il s'agit d'une conversation entre Naomi qui a appelé le Samu pour expliquer ses douleurs au ventre et la femme qui prend son appel à la légère....

Prise en charge avec beaucoup de retard, Naomi fait un arrêt cardiaque au Nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg, avant d'être transférée au service de réanimation où elle décède.

Même si rien n'indique qu'on aurait pu la sauver si la prise en charge était intervenue plus tôt, le plus terrible c'est l'enregistrement publié par le magazine Hebdi, bien audible et qui sonne comme une non assistance à personne en détresse. On y entend bien distinctement l'opératrice du Samu se moquer de la jeune femme qui appelle à l'aide, lui disant qu'elle se meurt, et l'opératrice qui lui répond qu'elle mourra bien un jour comme tout le monde.

L'autopsie de Naomi Musenga, réalisée cinq jours après son décès, révèle qu'elle est morte de défaillances multiviscérales, sans que l'on en connaisse l'origine.

La mère de Naomi, a pour sa part demandé au procureur de Strasbourg l'ouverture d'une enquête judiciaire.

Dans un communiqué commun, deux organisations de médecin urgentistes, l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et Samu urgences de France (SUDF), ont demandé mardi "un rendez-vous immédiat" avec la ministre de la Santé "pour trouver des solutions aux problèmes de régulation médicale afin qu'un tel drame ne se reproduise pas".

"Profondément indignée", la ministre de la Santé Agnès Buzyn vient quant à elle d'annoncer qu'elle allait ordonner l'ouverture d'une enquête à l'inspection générale des affaires sociales. 

En attendant l'issue de l'enquête, l'opératrice concernée a été affectée à un autre service, "de façon à ce qu'elle ne soit plus sur un rôle de réponse aux patients", a indiqué mercredi Christophe Gautier, directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS).

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville