Des sénégalais de France dénoncent la politique de Macky Sall

Encadrés par la police, aux sons des djembés et des slogans appelant à la libération de Karim WADE, des sénégalais de France ont manifesté à Paris.

Un nombre imposant de ressortissants sénégalais se réclamant de l’opposition au président Macky Sall et résidents en France a manifesté samedi à Paris, pour exiger la libération de Karim Wade. Le fils de l’ancien président Abdoulaye WADE est désormais présenté par de nombreux sénégalais comme le « prisonnier de Macky Sall ».

Brandissant des pancartes à l’effigie de Karim Wade, le cortège a arpenté le boulevard Magenta rythmés par des slogans « libérez Karim », le tout noyé dans un concert de djembé le tam-tam traditionnel sénégalais.

Au niveau de la station Barbes dans le 18ème arrondissent de Paris, ils ont marqué une halte comme pour mieux faire entendre leur message.

Demba SANÉ l'un des leaders de la manifestation s'est prêté à nos questions.

L.E.C.B : Vous êtes ressortissants sénégalais, à quel titre manifestez-vous ?

Demba SANÉ : Nous sommes un collectif de partis politiques de l’opposition sénégalaise. Le PDS,  les mouvements alliés et la société civile.

L.E.C.B : Quel est l'objet de cette manifestation ?

Demba SANÉ : Nous voulons à travers cette manifestation, dire notre ras-le-bol face à la dictature qu'exerce sur le peuple sénégalais le gouvernement du président Macky SALL. Il était plein de promesses de démocratie et de développement lors de sa conquête du pouvoir. Aujourd'hui, nous sommes en droit de constater que ce printemps qu'il nous promettait est derrière nous. Son exercice du pouvoir est l'exact opposé de ce qu'il disait. Bien plus, il fait pire que ce qu'il dénonçait en son temps. Au Sénégal, sous des couverts démocratiques, une dictature sournoise est en train de s'installer. Macky SALL règne en monarque élu. Il emprisonne des leaders politiques de l'opposition. Aujourd'hui au Sénégal nous avons plusieurs otages politiques. Les médias n'en parlent pas, notamment les médias occidentaux qui sont complices de cette forfaiture.

L.E.D.C : Vous scandez « libérez Karim WADE ». Il a pourtant bénéficié d'un procès équitable à ce que l'on sache ?

D.S : Nous disons du procès WADE que ce sont des manœuvres de mauvais goût et tout porte à le démontrer aujourd’hui. Au Sénégal le leader de l’opposition est en prison juste pour avoir dit que Macky SALL devait se prononcer suite aux allégations selon lesquelles Lamine JACK aurait utilisé l’argent du dopage pour financer la campagne de certains opposants notamment Macky SALL qui est aujourd’hui président. Telle est la situation que nous vivons. Nous sommes là pour manifester et appeler à un véritable état de droit au Sénégal. Qu’il y ait de la démocratie en Afrique.

L.E.D.C : Le tableau que vous peignez n’est-il pas excessivement sombre ?

D.S : Bien au contraire. Au Sénégal tous les avertisseurs clignotent. Mis à part la confiscation des droits humains, nous vivons une véritable calamité. C’est ce que démontrent les indicateurs macro économiques sénégalais. Les dernières déclarations des organisations internationales ne sont guère reluisantes pour le pays. Le Sénégal est devenu un pays pauvre. La dernière publication de la Banque Mondiale montre qu’au Sénégal, la pauvreté sévit. Celle du PNUD montre que l’indice de développement a baissé. Depuis que Macky SALL est au pouvoir, le Sénégal ne fait que régresser. Aujourd’hui, on nous parle de slogans vides de sens notamment le Programme Sénégal Émergent (PSE). En somme notre souhait au regard de cette régression, c’est le départ de Macky SALL.

L.E.D.C : Demander le départ de Macky SALL pourtant démocratiquement élu et dont le mandat cours toujours, n’est-ce pas user de la même dictature que vous dénoncez ?

D.S : Nous n’opposons pas la dictature à la dictature. Nous sommes dans une dynamique républicaine. Nous ne demandons pas à Macky SALL de quitter le pouvoir sous la menace des armes. Nous voulons que l’état de droit soit respecté. Que la constitution soit respectée.

L.E.D.C : Pensez-vous qu’une manifestation dans Paris puisse influencer une politique menée à des milliers de kilomètres ?

Une vue de la manifestation Métro Barbes

D.S : Nous y croyons véritablement. Nous vivons dans un monde globalisé. Ce qui se passe au Sénégal se sait au niveau de l’occident. Et aujourd’hui, nous sensibilisons l’opinion nationale sénégalaise et l’opinion internationale pour qu’elles sachent les dérives qui ont désormais cours dans notre pays.

L.E.D.C : Ce message est-il relayé à Dakar où partout ailleurs dans le pays ?

D.S : Vous constatez que la manifestation est encadrée par la police française. Dire que ce n’est pas une action clandestine. Le fait que vous des médias soyez là est en soit un relais.

Propos recueillis par Bertrand BOUKAKA