Congo - Féminicide: Le musicien "DJ Boleance" accusé d'avoir tué sa femme

La nouvelle s'est répandue samedi à Brazzaville, comme une trainée de poudre. Le chanteur de coupé décalé Richelf Bolebantu plus connu sous son nom d'artiste, DJ Boleance a tué sa femme. Selon les temoins qui ont assisté à la dispute avant l'atercation qui a été fatale à la femme, tout serait parti d'un problème de bouillie de maïs que l'artiste aurait trouvé inapropriée pour le bébé.

Lorsque Richelf Bolebantu rentre au domicile où il n'a du reste pas passé la nuit, en ce samedi matin, le jour est déjà levé depuis bien longtemps. Assez de temps pour que le bébé déjà réveillé, se mette à pleurer. Il est resté affamé, en attendant le retour de papa qui doit donner de l'argent pour l'achat d'une boite de phosphatine, la seule bouillie dont il a autorisé la prise pour son enfant, avec une pointe d'orgueil tout de même.

Quelques minutes auparavant, à presque 10 heures tapante, face aux pleurs du bébé, la maman n'a eu d'autre choix que d'acheter de la bouillie de maïs, afin de calmer la faim du bébé, en attendant un repas copieux à la phospatine, une fois que son père sera là.

À peine a t-elle commencé à administrer au bébé, cette bouillie inscrite dans les moeurs, qui en a sevré des millions de congolais, qu'arrive le papa. À la vue du breuvage que son épouse donne au bébé, l'homme visiblement éméché, s'emporte. Dans un ton rugueux, il signifie à son épouse que l'enfant d'un grand musicien de sa trempe ne peut être nourri avec de la bouillie à 50 francs.

La femme s'emporte à son tour, rappelant à son mari que c'est suite à son irresponsabilité et notamment, ses découchements, que sans le sou, elle a été amenée à donner de la bouillie de maïs au bébé qui pleurait, car n'ayant plus de phosphatine depuis la veille et elle le lui avait fait savoir.

L'homme prend cette cinglante réplique qui le rappelle à ses responsabilités, comme une insubordination. Le ton monte, les coups pleuvent. Tentant de protéger l'enfant qu'elle tient dans ses bras, la femme est livrée aux coups de plus en plus violents.

Les voisins qui accourent pour tenter de séparer le couple constatent l'irréparable. La femme gît à même le sol. Il n'est même plus utile de la transporter à l'hôpital, elle est décédée.

La parcelle devenue un lieu de mort est prise d'assaut par tous ceux qui veulent voir de leurs yeux le meurtier et surtout le cadavre, pour s'en convaince.

Et déjà, chacun s'en va, portant l'horrible nouvelle, "DJ Boleance a tué sa femme à cause de la bouillie de 50 francs." "C'est l'effet de la drogue dont il se gave", disent certains. "Tuer sa femme pour avoir administré la bouillie de maïs au bébé, c'est de l'orgueil mal placé", disent d'autres.

Un "orgueil" pour lequel DJ Boleance devra répondre de son crime devant la justice.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville