L’occupation informelle des espaces en bordure des voies de circulation est l’une des caractéristiques essentielles des villes congolaises. En l’absence d’une politique urbaine forte, les citadins investissent ces espaces qu’ils considèrent comme lieux de promotion de l’auto¬emploi. Aussi, cette occupation génère des problèmes environnementaux parmi lesquels la production des déchets de commerce, des bruits sonores, l’encombrement des rues et des espaces, etc. Les activités humaines souvent informelles sont objet d’insalubrité. Face à cette situation peu reluisante de Brazzaville, le Ministère congolais en charge de la Décentralisation mène depuis quelques jours, avec la Mairie de la capitale, une opération de déguerpissement de l’espace public dénommée « Gardons nos villes propres ». Kiosques et tabliers sont dégagés ou simplement détruits le long des trottoirs par la police, au grand dam des citoyens qui les tiennent.
Le ministre délégué chargé de la décentralisation, Juste Désiré Mondélé, justifie cette opération : « Il s’agit de parler de réorganisation d’autant plus que les personnes ou les commerçants déguerpis retrouvent en principe les marchés domaniaux. Et, les témoignages ou retours que nous avons, nombreux ont déjà occupé les étals dans les marchés domaniaux et avec une aisance dans la pratique de leur commerce. »
L’occupation illégale des espaces publics dans les villes congolaises pose le grave problème de gestion de l’espace urbain, dans un contexte d’urbanisation rapide et de paupérisation exponentielle des citadins. Les déguerpissements des espaces publics dans toutes les villes congolaises apparaissent comme une étape fondamentale dans le processus de restructuration.
Les bulldozers sont mis à contribution pour mener l’opération de libération de l’espace public dans la capitale.
En effet, les abords des voies, les terre-pleins centraux, et autres espaces publics abritant baraques, hangars, paillotes, débits de boisson, et autres édifices érigés dans l’emprise du domaine public, débarrassent leur installation, sous les coups des pioches, haches, râteaux, et autres outils utilisés avec acharnement par des ouvriers de circonstance.
Plusieurs grandes voies et rues sont ainsi dégagées et présentent un tout autre visage.
Ce déguerpissement bien qu’il soit douloureux présente un avantage certain pour Brazzaville. Il va permettre dans une certaine mesure de régler les problèmes liés aux réseaux de voirie qui se limitent à des passages étroits et à des sentiers plus ou moins irréguliers, tortueux et « serpentés ». Il va permettre de trouver un début de solution.
Du premier au huitième arrondissement de la capitale congolaise, presque toutes les voies sont en dégradation avancée. Du fait de leur étroitesse et de leur état, des accidents de circulation sont régulièrement enregistrés.
Le commerce et la restauration de rue, les transports populaires, les ateliers en tous genres et bien d’autres petits métiers se sont multipliés sur les espaces publics, posant de nombreux problèmes de circulation, notamment par l’encombrement des trottoirs, des carrefours, ou par le rétrécissement de la chaussée.
A cela s’ajoute l’insalubrité des lieux occupés par la présence des ordures et eaux usées jonchant le sol.
L’opération « gardons nos villes propres » sera menée dans toutes les grandes villes du pays, selon le ministre délégué chargé de la décentralisation, Juste Désiré Mondélé.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville