Congo – Ex Socico : Les ex-agents réclament le paiement de leurs droits par un sit-in

Elles sont nombreuses au Congo, ces sociétés liquidées, pour lesquelles les nouveaux repreneurs se sont plutôt contentés des actifs faits de l’outil de travail immédiatement réexploité, parfois sans le moindre apport de leur part. Des repreneurs qui ont négligé l’apurement du passif, notamment les arriérés de salaires voire le payement des droits des travailleurs non retenus par la nouvelle société. À Sonoc, les ex-agents de la Société des ciments du Congo (Socico), qui enregistrent dans leurs rangs de nombreux décédés, observent depuis bientôt deux semaines, un sit-in, pour réclamer le paiement des arriérés de salaires impayés. 20 ans que dure leur attente.

La patience a des limites. Celle des ex travailleurs de Socico est arrivée à épuisement de toutes les limites du tolérable, surtout que les autorités préfectorales de la Bouenza semblent ne pas s’intéresser à la situation. Des autorités envers lesquelles leur message est sans ambiguïté.

« Nous aurons voulu que vous intimiez l’ordre aux actionnaires chinois et congolais de la Sonoc de payer les droits des anciens travailleurs », ont souligné les manifestants dans une déclaration datée du 17 février dernier.

Pour ces ex travailleurs de Socico, le repreneur s’est carrément joué des autorités congolaises à tous les niveaux. En 2001, la justice avait en effet condamné l’ex-Socico à verser près de 5 milliards de Fcfa d’arriérés de salaires à ses anciens employés. En 2015, ce jugement a été confirmé par la cour d’appel de Brazzaville. Las d’attendre et face aux promesses non tenues de la Sonoc, successeur de la Socico, les ex-salariés ont décidé de passer à l’action.

Les manifestants affirment détenir des fiches de paie distribuées il y a plus de 4 mois par le comité de suivi. Cependant, ils dénoncent le non-respect des engagements de paiement pris par la Sonoc, malgré une promesse prononcée lors d’un précédent sit-in suspendu il y a plus d’un an à Louteté.

Face à cette situation, le collectif des anciens travailleurs a reconduit le sit-in devant l’usine de la Sonoc à Louteté, bloquant les deux voies, ferrée et carrossable.

« Vue la léthargie de la Sonoc qui n’honore pas sa parole, nous sommes obligés d’empêcher toute circulation jusqu’au paiement de nos droits », préviennent les manifestants.

Reste à savoir si leur action ne sera pas assimilée à un trouble à l’ordre public par les autorités, en actant du coup la fin. Sans gain de cause, une fois de plus, pour des ex travailleurs qui voient la vie se réduire comme peau de chagrin, enterrant leurs anciens collègues les uns après les autres, sans que ceux-ci n’aient goûté aux fruits d’un labeur qui les aura tant lessivés, réduisant drastiquement leur espérance de vie.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville