Congo – Coupures d’électricité : Jean Bruno Danga Adou n’est plus écouté même lorsqu’il dit la vérité

Les congolais n’en peuvent plus des coupures d’électricité intempestives, devenues quasi endémiques, surtout dans les grandes agglomérations où le manque d’électricité impacte des pans entiers de l’économie informelle et même la vie des ménages. Afin de justifier des aléas qui conduisent à ces désagréments, Jean Bruno Danga Adou, directeur général d’Énergie électrique du Congo (E2C) a donné une conférence de Presse, mardi 26 décembre à Brazzaville. Pas sûr que ses justifications, pourtant bien étayées, ne modifient dans l’opinion, le jugement que les populations ont d’une société qui disent-elles, a juste changé de nom, pas de pratiques.

Négocier avec la République démocratique du Congo et rétablir la liaison Pointe-Noire-Brazzaville. C’est ce qu’il faut retenir de la conférence de presse de Jean Bruno Danga Adou, le directeur général d’Energie électrique du Congo (E2C).

Au cours de cette conférence de presse qui s’est voulue somme-toute didactique, Jean Bruno Danga Adou a commencé par une brève présentation des sources de production du courant, notamment, le barrage d'Imboulou avec 85 mégawatts garantis, Moukoukoulou avec 74 mégawatts, la centrale thermique de Pointe-Noire avec plus de 400 mégawatts, la petite centrale de Ndjeno avec 25 mégawatts sans oublier Inga en République démocratique du Congo. Ceci afin de donner les éclaircissements sur les coupures intempestives d'électricité et les délestages qui deviennent chroniques. L’incidence est arithmétique, il n’y a pas de péréquation entre la production globale d’électricité et la consommation optimale des congolais.

Parlant du transport de l’électricité, Jean Bruno Danga Adou a fait savoir que le réseau électrique congolais est linéaire et non bouclé comme le veulent les normes. Avec ce type de réseau, une simple surtension même due à un coup de foudre à Pointe-Noire, où à Ngo, pourrait paralyser tout le réseau de distribution et les perturbations sont perceptibles partout. En cas d’incident, cette configuration du réseau met à mal l’ensemble de la desserte.

S'agissant des causes des coupures, Jean Bruno Danga Adou a égrainé l'augmentation des charges portée par l'urbanisation accélérée de Brazzaville et Pointe-Noire ; la poursuite des travaux de la centrale électrique du Congo (CEC) à Pointe Noire ; la connexion au réseau de la RDC qui fait qu’au moindre choc de l'un des côtés de ces deux pays, les perturbations sont perceptibles partout.

À cela s’ajoute le fait que la production de Pointe-Noire n'arrive pas à Brazzaville et que la centrale thermique de Pointe-Noire ne peut pas réguler le réseau national.

À en croire le DG de E2C, le plus grand problème aujourd'hui est la limitation de transit à 50 mégawatts au lieu de 80, comme avant par la RDC ; un verrou mis par la RDC dans le cadre de la sécurisation des élections en cours dans ce pays.

De même l'énergie de la RDC une fois arrivée au poste de Mbouono au Congo-Brazzaville, connait des écrasements par le chargement. Cela a pour conséquences, des chauffages de l'autre côté du fournisseur.

Pour Jean Bruno Danga Adou, la diminution des délestages passera obligatoirement par une éventuelle négociation avec la RDC, après leurs scrutins. Car, sans le courant de la RDC, les perturbations iront de mal en pis a-t-il assuré.

La deuxième solution que préconise la direction de E2C pour pallier ce déficit énergétique, est de réunir beaucoup de moyens financiers, afin, dans les mois avenir, de construire le barrage comme prévu au site de Sounda et celui de Manianga sur le fleuve Congo.

À terme, a dit Jean Bruno Danga Adou, il faut que soient construites, les compensateurs statiques le long de la ligne de pointe, notamment à Loudima et à Mindouli, des infrastructures qui permettront d'améliorer le transit de l'énergie entre Brazzaville et Pointe-Noire.

Reste à savoir si les explications de Jean Bruno Danga Adou, surtout en cette période des fêtes où le manque à gagner causé par l’absence d’électricité est jugé comme catastrophique, ces explications disons-nous, vont convaincre les millions de congolais qui trouvent les services de E2C vraiment exécrables, avec à la clé des factures qui jamais ne tiennent compte du désagrément subit par les clients. Et puis, les congolais payent pour avoir de l’électricité, pas des explications.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville