Assiste-t-on à un véritable changement de paradigme dans l'approche de la gestion de l'exploitation du minerai de fer de Mayoko dans le Niari (sud) par la société ULSAN Mining Congo SAU ? Ce gisement de fer dispose de réserves estimées à 917 millions de tonnes, dont 38,5 millions de tonnes directement exploitables. D’une durée de vie de 30 ans, les prévisions de production annuelle de ce gisement sont de 300.000 tonnes par an pour la première phase et 16,5 millions de tonnes par an dans une seconde phase qui exploiterait la roche dure. Pour la population, la ville de Mayoko ne veut plus seulement être une zone d’extraction de minerais, elle entend le transformer sur place pour vendre une production à plus grande valeur ajoutée.
A Mayoko, les retombées de l’extraction des ressources naturelles, comme le fer et l’or, restent notoirement disproportionnées. Les experts invoquent l'insuffisance des investissements dans le développement d'un tissu économique local, le manque d'infrastructures primordiales comme les routes, les écoles, les dispensaires, une corruption réputée endémique ou encore les lacunes des textes en vigueur.
Malgré ses richesses naturelles, le Congo reste un des pays les plus pauvres du monde.
En dépit du boom minier, force est de constater que les revenus escomptés sont en deçà des attentes.
« Nous ne pouvons plus continuer à ce jeu de dupes où les contrats au 21e siècle sont signés comme à l’époque coloniale. Il faut mener un plaidoyer pour la transformation du minerai de fer à Mayoko pour une plus value. Avant l’exploitation du gisement de fer de Mayoko, la société ULSAN Mining Congo SAU doit nous dévoiler sa stratégie même si la mise en place d’une filière intégrée prend du temps et fait face à de nombreux défis », nous a confié Yvon D, juriste de formation.
« Tous les pays dans le monde veulent profiter de la première transformation et de la seconde transformation, c’est normal. Et pourquoi pas le Congo ? Il faut faire les choses correctement. L'exploitation de ce gisement de fer doit profiter à tous les pays de Mayoko. On doit s'appuyer sur l'expérience de la Comilog pour tirer les vraies léçons », a déclaré Delaclé B, ingénieur de formation.
« Avec la transformation du minerai de fer sur place, ce sont des milliers d’emplois qui sont en jeu. Le Congo doit donc se démarquer des autres pays de la sous-région Afrique centrale », a précisé Albert S, étudiant à l’université Marien N’Gouabi de Brazzaville.
Au Congo-Brazzaville, l’idée de transformer sur place fait son chemin, mais il n’est pas question de forcer la main des entreprises.
On rappelle que Pierre Oba, ministre d’Etat, ministre des industries minières et de la géologie, a soumis à l’examen des membres du conseil des ministres, Samedi 12 août 2023, un projet de décret portant attribution à la société ULSAN Mining Congo SAU d’un permis d’exploitation pour le fer, dit permis « Mayoko-Moussondji ».
Ce gisement de fer dispose de réserves estimées à 917 millions de tonnes, dont 38,5 millions de tonnes directement exploitables. D’une durée de vie de 30 ans, les prévisions de production annuelle de ce gisement sont de 300.000 tonnes par an pour la première phase et 16,5 millions de tonnes par an dans une seconde phase qui exploiterait la roche dure.
La société demanderesse s’engage à réaliser sans délai, c’est-à-dire dès l’obtention du permis, les études d’impact environnemental et social ainsi que l’étude de faisabilité ; la mise en œuvre de cette exploitation permettra la création d’environ 700 emplois, dont 600 pour la main d’œuvre nationale.
Enfin, l’investissement global du projet, incluant les infrastructures spécifiques nécessaires, est estimé à 15 milliards de dollars américains.
Ce projet s’inscrit parfaitement dans le cadre de la politique de diversification économique mise en œuvre par les pouvoirs publics et permettra une coopération encore plus dynamique entre le Congo et la Turquie, représentée ici par la société demanderesse.
Après examen et discussion, le conseil des ministres a adopté le projet de décret portant attribution à la société ULSAN Mining Congo SAU d’un permis d’exploitation pour le fer, dit permis « Mayoko-Moussondji ».
Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville