Congo - Affaire Commisimpex : Un nouveau revers pour Mohsen Hojeij

Une information judiciaire a été ouverte en France, sur des soupçons de corruption autour du litige financier de plus de un milliard d'euros et vieux de plus de trente ans, qui oppose le Congo-Brazzaville à l’homme d'affaires d'origine libanaise, Mohsen Hojeij, a indiqué mardi le Parquet national financier (PNF).

"Une information judiciaire a été ouverte par réquisitoire introductif en date du 15 avril 2022 des chefs de corruption active et passive. Ce dossier trouve son origine dans une plainte émanant de la République du Congo, adressée au PNF au mois d’octobre 2021", a précisé le ministère public.

L'affaire remonte au début des années 1980. Mohsen Hojeij avait décroché plusieurs contrats entre 1983 et 1986, notamment la construction de ponts ou de villages. Mais en 1986, après l'effondrement des cours du brut, la situation économique du pays s'était détériorée et seule une partie des travaux avait été réglée.

En 2000 puis en 2013, la Cour internationale d'arbitrage de Paris avait condamné à deux reprises le Congo à indemniser la société de Mohsen Hojeij, la Commisimpex.

Au fil des années, la somme réclamée par l'homme d'affaires a gonflé, passant d'environ 100 millions d'euros lorsque le litige s'engage en 1992 à environ 1,5 milliard d'euros aujourd'hui. En parallèle, depuis la décision de 2013, de nombreuses saisies d'avoirs ont été pratiquées par Commisimpex et contestées par le Congo.

En octobre, le Congo a déposé sa plainte simple auprès du Parquet national financier (PNF), assurant que la sentence de 2013 avait fait l'objet de manœuvres voire de paiements afin d'orienter la décision en faveur de Commisimpex. Dans son viseur, le président du tribunal arbitral de l'époque, Yves Derains, une figure du secteur, accusé par la plainte, d'avoir "entretenu des liens financiers et secrets" avec Commisimpex.

Cette ouverture d'information judiciaire est "une excellente nouvelle. Enfin, justice va être rendue", s'est félicité Maitre Kevin Grossmann, avocat du Congo.

À la suite de cette plainte, le Congo a demandé en décembre la réouverture de l'arbitrage de 2013, une demande en cours d'examen par de nouveaux arbitres.

Yves Derains mais aussi Commisimpex, via ses avocats Me Jacques-Alexandre Genet et Ludovic Malgrain, se sont érigés contre ce qu’ils qualifient de "manœuvres" ou des "accusations fantaisistes" et indiqué avoir déposé ces derniers mois des plaintes en dénonciation calomnieuse.

Les autorités congolaises se disent sereines et croient en la justice. « Tout vient à point, à qui sait attendre » a tweeté le Ministre congolais de la Communication et des Médias Thiery Lézin Moungalla.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville