RDC : La "nonne" du gospel s'en est allée

Chanteuse gospel, Marie Misamu est décédée à Kinshasa le samedi 16 janvier à 21 heures. De sa voix tonique elle chantait et louait Dieu dont elle s’était faite le chantre sinon la servante au point d’accoler à son nom l’étiquette de « sœur » telle une nonne.

Selon son entourage, « La sœur » Marie Misamu est décédée des suites d'une crise cardiaque à l’hôpital de « l’amitié sino-congolaise » de Ndjili à Kinshasa samedi.

L’information sur le décès de Marie Misamu, annoncée dans un premier temps puis démentie par des proches en Europe, avant d’être finalement confirmée de Kinshasa a plongé de nombreux chrétiens africains et mélomanes du gospel dans l’émoi au point que les réseaux sociaux et les communications téléphoniques ont connu une véritable surchauffe.

Des blogueurs arrivés sur les lieux de la veillée ont recueilli les premiers témoignages des « frères et sœurs en christ ». Ceux-ci confirment : « Nous étions en pleine retraite. Ce samedi matin, Marie se sentait essoufflée. Sa respiration haletait. Elle a demandé à être accompagnée à l’hôpital car disait-elle, elle ne se sentait pas bien. Nous sommes allés à l’hôpital chinois de Ndjili. Marie se suspectait un problème de tension artérielle. À l’hôpital, les médecins ont confirmé une hypertension. Déjà, son état empirait. On l’a réanimé, hélas en vain. Nous étions en retraite et elle n’était pas du tout malade. Seul Dieu sait ce qu’il en est ».

Un autre témoin ajoute : « Elle m’a réveillé en ce samedi à 5 heures du matin et m’a demandé le numéro du docteur en me disant qu’elle ne se sentait pas bien du tout et qu’elle voulait faire une prise de tension. Tout ceci se passe en pleine prière, pendant la retraite. En partance pour l’hôpital, elle a marché, de même elle a gravit seule les marches des escaliers. Elle a expliqué d’elle-même sa situation au docteur. À un certain moment, la situation s’est brusquement dégradée. Elle s’est sentie étouffée disait-elle. Transportée dans l’unité des soins intensifs, elle est décédée quelques minutes après ».

La maladie qui s’était déclarée dans la matinée lui aura été fatale dans la soirée du samedi 16 janvier. Un arrêt cardiaque selon les médecins, ont rapporté les témoins ayant accompagnée Marie Misamu à l’hôpital.

Chanteuse chrétienne de Gospel, Marie Misamu, a démarré une carrière fulgurante dès son premier album aux côtés de l'évangéliste Débaba, lui-même ancienne vedette de la chanson populaire congolaise.

C’est très jeune, à 11 ans qu’elle se lance dans la chanson en égayant ses amis et compagnons de classe qui se réunissaient autour d'elle après l'école.

Ce talent latent est découvert, façonné et encadré par des grands noms du Gospel de la R.D.C tels Debaba ou Charles Mombaya auprès de qui elle excellera en duo dans l’album « bula ntulu ».

À travers le Gospel, Marie Misamu, outre la mise à disposition de son attrait physique et sa voix au service de Dieu, a développée un style unique avec sa musique faites des textes clairs puisés des évangiles et appelant à la conversion des hommes, pour la gloire de Dieu.

Marie Misamu était l’une des chanteuses religieuses les plus en vue en RDC. Elle s’est notamment fait connaître avec la chanson « Seigneur » qui a recueilli en son temps un franc succès.

D’autres titres que la chanteuse a sorti par la suite comme « Mokeli na ngai », « Salela ngai bikamwa », « La reconnaissance » et « Eh Yahweh » ont également fait l’objet d’un très bon accueil auprès du public.

                                                       Marie Misamu, une vie accomplie en « servante de l’Éternel »

À l’opposé d’autres « musiciens chrétiens », Marie Missamu ne s’interdisait aucun genre culturel pouvant contribuer à façonner ou à transformer l’homme et l’amener à faire du bien. Elle a embrassé la carrière d’actrice. Au cinéma, Marie Missamu a partagé l’affiche avec Félix Wazekwa, dans « les habits neufs du gouverneur ». Un film dans lequel Marie Misamu révèle des talents autres que musicaux. Au théâtre, Marie Missamu a éblouit de son talent la pièce « Sadakama » avec le groupe CINARC de Caleb Tukebana.

À 41 ans, elle est née le 16 novembre 1974, Marie Misamu dont le frère venait de décéder il y a si peu, laisse une fille.

Marie Misamu aura vécu une vie de météore. Un passage certes bref, mais dont l’éclat restera éternel. Elle qui chantait « Saléla nga mikamwa yawé » autrement dit « fais un miracle pour moi Yahvé », se sera résolue à ce que seule la volonté de Dieu décide de la vie.

Emportée en pleine retraite spirituelle, Marie Misamu n’aurait espéré plus belle mort. Dans « bula ntulu », aux cotés de Charles Mombaya, ne chantait-elle pas : « Dieu s’élèvera devant moi au dernier jour». Le sien aura été ce samedi 16 janvier 2016.

Benoît BIKINDOU