Le "roi de la rumba" congolaise, Papa Wemba, est décédé dimanche à Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire. L'artiste a été victime d'un malaise lors d'un concert alors qu'il participait au Festival des Musiques urbaines d'Anoumabo (Femua).
Il est 5 heures 30. Alors qu'il exécute les dernières notes du troisième titre de sa prestation, papa Wemba s'effondre. Ce sont les musiciens qui les premiers lui viennent en aide. De leurs vêtements, ils lui brassent l'air dont il semble manquer avant d'être pris en charge par la Croix Rouge. À cet instant, papa Wemba est encore conscient. Il est conduit d'urgence vers l’hôpital le plus proche où il décède.
Papa Wemba le ''Kuru yaka'' a rendu les armes, il est tombé l'arme à la main.
Chanteur, auteur-compositeur et acteur à succès, Papa Wemba, de son vrai nom Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, était l'une des plus grandes figures de la musique congolaise. Il naquit le 14 juin 1949 à Lubefu dans le Kasaï-Oriental en République Démocratique du Congo.
Papa Wemba est un musicien charnière pour le continent africain. Dans les années 1950, la rumba congolaise dominait le continent et si elle est toujours aussi présente sur la scène africaine, c'est notamment grâce à Papa Wemba qui avec le groupe Zaïko Langa Langa a dépoussiéré une rumba un peu languissante en l'électrisant notamment.
Le musicien était le fondateur du label et du groupe Viva la Musica avec d'autres noms comme Mbuta Machakado ou Mavuela somo, en 1977, et on lui doit les tubes Analengo, en 1980, et plus tard Maria Valencia, Mama ou encore Yolele, emblèmes de la «world music». C'est le coup de pouce du musicien britannique Peter Gabriel qui le fait mondialement connaître.
Papa Wemba a découvert et formé des générations de musiciens africains comme Koffi Olomidé.
On doit aussi au ''Kuru yaka'' l'essor de la SAPE, la Société des ambianceurs et personnes élégantes, dont il fut l'une des figures. Ce mouvement, né au Congo, a pris son envol grâce à la diaspora zaïro-congolaise en Europe, notamment en France et en Belgique. C'est d'abord une mode vestimentaire mais aussi un art de vivre.
Papa Wemba avait été l'acteur principal du film belgo-zaïrois "La vie est belle" de Ngangura Dieudonné Mweze et Benoît Lamy en 1987. Il avait composé une bonne partie de la musique originale de ce film. Papa Wemba apparaît également en 1997 dans "Combat de fauves" de Benoît Lamy.
Prélude à sa prestation au femua, invité de l'émission ''C'est midi'' de la RTI papa Wemba avait reçu d'un artiste peintre, un tableau, portrait de sa maman réalisé au café. Il s'en était montré très ému, au point d'en pleurer. Témoignage de l'amour qu'il vouait à celle qui lui avait donné la vie.
Une maman qu'il a retrouvé ce 24 avril, à 66 ans. Une maman qui désormais serre son fils dans ses bras pour l'éternité.
Benoît BIKINDOU
