Congo : Les câbles mortels de Dolisie, les populations partagées entre la peur et la colère

Les électrocutions sont de plus en plus courantes à Dolisie dans le département du Niari (sud). Les jours de pluie, les passants risquent leur vie en marchant dans les rues. Et pour cause : les câbles électriques sont posés à même le sol comme sur l’avenue Laurent Munich. Les riverains qui ne savent plus à quel saint se vouer, sont partagés entre la peur et la colère.

C'est la société Energie Electrique du Congo (E2C) qui est en charge de l'alimentation de la capitale départementale du Niari.

Mais les installations qui datent d'il y a plusieurs années manquent d'entretien et les habitants croisent régulièrement des câbles "errants" qui affleurent sur le bord des routes et dans les quartiers de la troisième ville du Congo.

En France par exemple, la profondeur moyenne d'enfouissement des câbles est de 80 cm en moyenne, sachant que ceux-ci doivent être recouverts d'une gaine de protection bétonnée. Ce qui n’est pas le cas dans plusieurs villes congolaises.

En avril 2017, un enfant de 5 ans a été électrocuté par un câble électrique au quartier Baloumbou de Dolisie. Plus de peur que de mal, Dany Passy a été sauvé de justesse par une personne de bonne foi de passage dans le quartier. Transporté à l’hôpital général de Dolisie, son pronostic vital n'était pas engagé.

Des accidents d’électrocution de ce genre ont souvent été enregistrés dans la capitale départementale du Niari aussi bien dans les autres villes du Congo.

Dans  la plupart des quartiers de plusieurs villes du Congo (Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie…), la pratique de branchements anarchiques de fils électriques pour recevoir du courant à son domicile ne cesse de prendre de l’ampleur au fil des années. A hauteur d’hommes ou trainant complètement sur le sol, ces installations sont un véritable danger pour les populations.

Les images parlent d’elles-mêmes lorsque l’on fait le tour des quartiers populeux. Les fils de courant qui devraient normalement être à la hauteur des poteaux électriques et installés par les agents de la Société Energie Electrique du Congo (E2C) sont malheureusement le fait de tierces personnes, les habitants eux-mêmes. Ces bricoleurs réalisent des branchements amenant l’électricité soit par un câble aérien ou un câble souterrain et parfois sorti en pleine surface du sol, soutenu par des poteaux de fortune sur plusieurs mètres de distance. Bien entendu, les risques d’électrocution sont réels.

Avec des dominos parfois ouverts, de l’eau y pénètre, un enfant pourrait passer par là et ramasser un de ces fils trainant à même le sol, inconscient du danger, et l’irréparable se produit. Ces branchements que l’on appelle aussi « installations araignées », du fait des fils qui se croisent et s’entrecroisent, sont le résultat de plusieurs facteurs.

Nonobstant la responsabilité des populations elles-mêmes, on peut citer entre autres, le phénomène de l’exode rural favorisant l’habitation de zones non loties.

Et la situation ne semble pas s'améliorer malgré les promesses de la société Energie Electrique du Congo (E2C).

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville