Congo : Les fonctionnaires fantômes dans la ligne de mire de Sassou Nguesso

Le président a parlé de rupture. Et pour cette année, Denis Sassou Nguesso veut en finir définitivement avec le phénomène des fonctionnaires fantômes en instruisant le gouvernement, et particulièrement les ministres des Finances et de la Fonction publique, de la nécessité que les premières mesures d’assainissement du fichier soient prises dans les meilleurs délais, afin que les cas les plus flagrants de fraude, d’absentéisme ou de dysfonctionnement manifeste soient traités dans le cadre de la liquidation des plus prochaines paies de la solde des fonctionnaires.

Il ne saurait y avoir de bonne gouvernance sans une maîtrise des effectifs de la fonction publique.

L’arnaque la plus répandue au Congo consiste à usurper l’identité d’une personne décédée, un membre de la famille profitant alors des lourdeurs administratives pour s’octroyer le salaire du disparu.

Les indélicats ont des profils variés : agent public recruté une seconde fois, voire plus, sous une autre identité, médecin fonctionnaire assidu à son poste en clinique privée et invisible à l’hôpital public, officiers et sous-officiers des corps habillés, enseignant…

Ils sont plusieurs à profiter d’un système de gestion approximatif et archaïque. Chaque année, les fonctionnaires fantômes coûtent plusieurs milliards de FCFA au pays.

Au Congo Brazzaville, voulant s’attaquer aux fantômes militaires, l’ancien ministre des Finances, Roger Rigobert Andely, demanda à sa hiérarchie de lui fournir la liste intégrale des effectifs de l’armée.

Mais, cette liste ne lui avait jamais été transmise jusqu’à son départ du gouvernement. Qu’à cela ne tienne, son successeur, Pacifique Issoibéka, parvint à économiser 29 milliards de francs cfa en 2009 dans sa lutte contre les employés fictifs de la fonction publique congolaise.

La première phase du recensement, réalisée du 31 octobre 2016 au 31 janvier 2017, a identifié soixante-six mille quatre cent vingt-deux (66.422) agents civils de l’Etat congolais.

39.300 d’entre eux (soit 59,14%) sont employés à Brazzaville,  8457 (soit 12 ,73%) à Pointe-Noire,  1511 dans le Kouilou, 2321 dans la Cuvette, 1088 dans la Cuvette Ouest, 1129 dans la Sangha, 741 dans la Likouala, 3520 dans le Niari, 1005 dans la Lékoumou, 1702 dans les Plateaux, 2656 dans la Bouenza, 2581 dans le Pool et 411 dans les représentations diplomatiques du Congo à l’étranger.

En définitive, le Congo doit repenser le vieux statut général de la fonction publique pour l’adapter à la situation actuelle et notamment au phénomène de fonctionnaires fantômes. Il faut des textes réglementaires qui soient explicites sur la question.

Il faut que les fonctionnaires soient informés des sanctions et les peines qu’ils encourent. Cela peut contribuer grandement à freiner le phénomène.

Germaine Mapanga