Un vent de modernité souffle sur la ville de Mbinda

Jadis « petit paradis terrestre », l'endroit où il fallait être et vivre, la ville de Mbinda située dans le département du Niari à près de 7 km de la frontière avec le Gabon,  a bénéficié entre 1962 et 1991 du transport du minerai de manganèse par la Compagnie minière de l'Ogooué (COMILOG). Elle était alors le terminus sud de l'un des plus longs câbles téléphériques (75 km) au monde, et le début de la ligne ferroviaire dite « ligne COMILOG » jusqu'à Mont- Bélo.

Le gouvernement gabonais souhaite alors maîtriser l’expédition de son minerai en conservant le transport sur son propre territoire et son embarquement au port d’Owando qui jouxte Libreville. En 1987, le chemin de fer Transgabonais est achevé. Il passe à Moanda, c’est plus long mais le gabarit international de cette ligne la rend moins sujette aux déraillements que le CFCO qui est à voie métrique.

Le 5 septembre 1991, un train de marchandises composé de wagons, propriété du CFCO et tracté par une locomotive propriété de la COMILOG, entre en collision avec un train de voyageurs en gare de Mvoungouti. Le très lourd bilan de cet accident, 100 morts et 300 blessés est l’élément déclencheur de l’abandon par la COMILOG de sa solution congolaise.

L’ensemble des installations de l’entreprise au Congo sont abandonnées. Le téléphérique, les dispositifs très importants de Mbinda, de Makabana et Pointe-Noire sont désaffectés entraînant de très nombreux licenciements dont le contentieux n’est à ce jour toujours pas apuré.

Juste le temps d’un battement de paupières, la ville de Mbinda a perdu presque de toutes les commodités d’usages. Plus d’eau potable et d’électricité. Le désarroi des visiteurs ne se cache pas longtemps une fois le soleil couché.

Dès la tombée de la nuit, la localité est plongée dans une obscurité totale. Les habitants résignés se retirent petit à petit chez eux en attendant le levé du jour. Les populations se désaltèrent désormais avec les eaux des puits ou de source. Les risques des maladies microbiennes sont grands.

Le manque de route carrossable n’est pas en reste dans le dénuement de Mbinda. Pendant la saison de pluie, quelques rares transporteurs qui fréquentent souvent la localité n’osent plus s’y aventurer à cause des pannes provoquées sur leurs véhicules par l’état piteux de la route. La latérite laisse la place aux bourbiers. Ainsi, la pratique des activités génératrices de revenus et autres commerces est difficile pour les 6 000 âmes qui vivent dans la ville.

Plus d’opérateurs économiques pour sédentariser les bras valides qui quittent par vagues successives la localité. L’exode rural a conquis la paisible commune au climat tempéré.

Le stade Henri Touret et l’école primaire de la ville sont dans un état de délabrement très avancé faute d’entretien.

Les multiples difficultés susmentionnées semblent ébranler le moral des habitants de Mbinda.

Cependant, avec la municipalisation accelerée initiée en 2004 par le président congolais, Denis Sassou Nguesso en vue de moderniser l’intérieur du pays, plusieurs chantiers amorcés à la faveur de ce programme en août 2006 ont apporté une autre image à la ville.

L’Hôtel de la sous préfecture de Mbinda par exemple a été réceptionné.

Selon Marcel Leouobo le député PCT de la ville, ces travaux ont été réalisés selon les règles de l’art et contribuent largement à la beauté de la ville.

Combattre quotidiennement l'insalubrité et surtout sensibiliser les populations contre l'incivisme, en mettant en avant les valeurs de cohésion sociale, tels sont les objectifs visés par le nouveau maire de la ville, Emile Mabioko.

«Un cadre de vie malsain est un danger pour nous et nos enfants. Gardons notre environnement et la ville de Mbinda propre», a-t-il exhorté.

Selon lui, les habitants de Mbinda doivent ensemble, s'engager pour lutter contre tout ce qui contribue à salir la localité, la polluer, à créer un cadre de vie insalubre et propice au développement de plusieurs maladies dont la plus fréquente est le paludisme.

I’édile de la ville a fait savoir qu'un prix d'excellence du quartier le plus propre de Mbinda va être instauré pour que la ville de « Rosso », fief du parti au pouvoir (PCT) retrouve son lustre d'antan et que souffle de nouveau un vent de modernité sur cette communauté urbaine.

Germaine Mapanga