Que vient faire Emmanuel Macron à Brazzaville vendredi 3 mars prochain ?

Du 1er au 5 mars 2023, le Président de la République française, sera en déplacement en Afrique centrale avec des étapes au Gabon, en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo. Ce 18e déplacement d’Emmanuel Macron en Afrique sera une nouvelle opportunité d’appréhender le continent dans sa complexité et de saisir encore davantage les transformations profondes qui s’y jouent. Le vendredi 3 mars prochain, il se rendra en République du Congo, à Brazzaville. Emmanuel Macron s’y entretiendra avec son homologue congolais, Denis Sassou N’Guesso, et ira à la rencontre de la communauté française, qui compte 4300 ressortissants inscrits au registre consulaire au 1er janvier 2023, selon un communiqué de l’Elysée dont une copie est parvenue ce mercredi à notre rédaction parisienne.

Cette rencontre relèvera d’une dimension mémorielle importante puisqu’elle aura lieu à la Case de Gaulle, symbole d’une histoire commune riche, construite après que Brazzaville a été désignée capitale de la France libre, et d’où le Général de Gaulle créa l’Ordre de la Libération en 1940.

Brazzaville occupe une place unique dans l’histoire de la France, de l’Afrique et du monde. Si la France libre est née lors de l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle à Londres, c’est bien Brazzaville qui, par le ralliement du 27 octobre 1940 du gouverneur Félix Eboué, devient le « refuge de notre honneur et de notre indépendance ».

De Brazzaville partira la Colonne Leclerc en 1941 vers Koufra au Tchad [Serment de Koufra du 2 mars 1941] puis vers la Libye mussolinienne, avant de participer à la bataille de Bir Hakeim en 1942.

De Brazzaville est parti l’espoir de la libération, autour duquel se sont agrégées les forces ayant sauvé l’honneur de la France.

Au-delà de Brazzaville, c’est tout le rôle du Congo et de l’Afrique centrale dans la Seconde Guerre mondiale qui sera rappelé.

Emmanuel Macron rendra hommage au courage et à l’engagement d’Africains dans le combat contre l’Allemagne nazie et pour la libération de l’Europe au même titre que les résistants français.

Les historiens estiment que, entre 1940 et 1944, près de 17 000 Africains furent recrutés par la France libre en AEF et au Cameroun. Des milliers ne revinrent jamais chez eux. Alors que l’Ordre de la Libération fut créé ici-même à Brazzaville le 16 novembre 1940, bien peu d’Africains furent élevés au rang de compagnons de la Libération.

Seuls 11 combattants et 5 civils d’Afrique subsaharienne, dont 5 Tchadiens et 3 Centrafricains, y furent admis sur 1 038 compagnons.

Ce déplacement du Président français sera de même l’occasion de saluer les avancées réelles, au service des populations locales, auxquelles la France a pu contribuer : réhabilitation de la route de la Corniche ; drainage des eaux pluviales à Brazzaville ; formation de 600 professionnels de l’action sociale et de 2000 professionnels de la santé ; réhabilitation des infrastructures d’assainissement du CHU de Brazzaville, opérationnalisation de six centres d’éducation, de formation et d’apprentissage, où sont formés 1000 jeunes chaque année.

La France entretient de même des partenariats très dynamiques dans le domaine culturel. Elle a accompagné la préservation et la valorisation du patrimoine mémoriel du Congo, en préparation des 80 ans de « Brazzaville, capitale de la France libre » : sauvegarde numérique des archives de l’AEF, préservation du bâtiment historique qui abrite le Centre de formation et de recherche en art dramatique, création d’une filière archiviste au Congo et conservation des archives audiovisuelles.

Notre coopération se poursuit par la mise à disposition d’expertise en matière de politique nationale des musées.

La France a également accompagné le « Bilili BD Festival » depuis sa création en 2016. Ce festival dont l’édition 2022 a accueilli 8.000 visiteurs dispose aujourd’hui d’un partenariat avec la Cité de la Bande-dessinée et de l’Image d’Angoulême.

Elle contribue au rayonnement de la rumba congolaise, inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis décembre 2021. Les instituts français de Brazzaville et de Pointe Noire organisent chaque année diverses manifestations. La dernière en date, un festival de rumba de deux semaines à Pointe Noire, a été un grand succès.

Le Congo se démarque enfin de par sa tradition littéraire, constituant l’un des plus importants viviers d’écrivains en langue française du continent. Aux côtés d’écrivains largement reconnus tels qu’Alain Mabanckou, émerge aujourd’hui une nouvelle génération d’artistes comme l’écrivain Wilfried N'sondé, les auteurs de théâtre Dieudonné Niangouna, Julien Mabiala Bissila ou encore, le jeune romancier Fann Attiki dont le roman Cave 72 lui a valu d’être lauréat du Prix Voix d’Afrique (éditions JC Lattès et Rfi).

Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville