A une semaine de l’investiture de Denis Sassou N’Guesso, Ouabari Mariotti demande la libération des prisonniers d’opinions

Que la liberté leur soit rendue. Des compatriotes, ces derniers temps, pour leurs opinions, sont maintenus, en détention préventive, dans des lieux d'enfermement des services de la sécurité congolaise. Ceux qui se sont offerts les services d'avocats n'ont pas le moindre contact avec ces conseils. Y sont signalés des noms. Tels Raymond Malonga, Dr Alex Ibacka Ndzabana, Jean Louis Packat, Chryst Dongui Ganga, Florian Miangouila.

Au nom du respect des libertés fondamentales et des droits humains, la remise en liberté de ces compatriotes est un geste patriotique qui ne laisse indifférent. D'autant que l'unité et la cohésion nationales, au lendemain des élections présidentielles du 21 mars 2021 et à la veille de la prestation de serment du Président Sassou N’Guesso, appellent à ce genre de signaux républicains.

Des signaux qui devraient s'amplifier, couplés à une exigence, largement partagée et fort attendue par le peuple congolais, en ce qu'elle procéderait de l'apurement politique d'autres situations où les concernés devraient également recouvrer la liberté.

C'est le cas du Général Jean Marie Michel Mokoko et du ministre André Okombi Salissa. Les deux, candidats au scrutin présidentiel de 2016, sont murés, depuis près de 4 ans, après leur condamnation pour atteinte à la sûreté d'Etat, à la Maison d'arrêt centrale de Brazzaville.

Conséquemment, les Congolais qui se sont vus astreints, dans les affaires Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, devraient tirer profit d'identiques dispositions.

S'y ajoutent les dossiers Benoit Koukébéné et Philippe Bikinkinta. Anciens ministres du Président Pascal Lissouba, ils sont frappés d'une peine d'emprisonnement, par contumace, au lendemain des violences de juin 1997. Les deux vivent leur exil en Europe. Devraient également être placés, hors de toute condamnation.

Des personnalités, impliquées, au même titre qu'eux, ont bénéficié des mesures de largesse du Président Sassou N’Guesso.

Tout ceci mis bout à bout, nous voudrions d'un Congo où les Maisons d'arrêt et les cellules de séquestration de la force publique du pays sont délestées de détenus dont la majorité des Congolais et des opinions, au sein de la communauté internationale, estiment injuste l'incarcération.

Nous voudrions d'un Congo uni et indivisible. A l'image symbolique de la chaîne d'union, ci-dessous, de ces écoliers africains. Des écoliers, assis à même le sol. Tous, torses nus. Pour marquer leur égalité, devant les lois et règlements de la République. Les pieds se touchant, en cercle, comme pour partager et leurs souffrances et les solutions à celles ci, ainsi que les valeurs de dialogue et de fraternité.

Nous voudrions d'un Congo où la collectivité nationale, rejette toutes sortes de discriminations. Une communauté qui, par sa combattivité et dans la justice, est appelée à mettre en évidence la solidarité et la citoyenneté aux fins de construire une société fondée sur des paradigmes valorisants plutôt que d'élever des mécanismes régressants de l'exploitation et de la domination frustrante des uns sur les autres.

Le Congo est à la veille d'événements solennels, de portée nationale. Ils sont des occasions, toutes faites, pour rendre la liberté à ceux dont celle-ci a été arrachée, dans des conditions d'iniquité.

Le prix de l'homme baisse dès lors qu'il n'a plus l'usage de sa liberté. Celle ci est un des dons les plus précieux que le ciel ait fait à l'homme.

Rien n'égale la liberté. Ni les trésors que la terre enferme en son sein. Ni ceux que la mer recèle en ses abîmes.

Que la liberté leur soit rendue.

Ouabari Mariotti / Les Echos du Congo-Brazzaville