Au Congo, la réélection de Sassou N’Guesso est contestée par l'opposition qui dénonce un scrutin «calamiteux»

Avec 88,57% des voix, selon les résultats provisoires officiels annoncés mardi 24 mars, Denis Sassou-N’Guesso a été réélu haut la main et sans surprise pour cinq ans Président de la République du Congo. Mais ses opposants entendent former des recours contre ce scrutin qu'ils dénoncent.

La rapidité de la publication de ces résultats provisoires et certains articles de la Constitution motivent leur décision.

Après avoir salué ses partisans et formulé des voeux de prospérité, Denis Sassou-N’Guesso a lancé un message aux candidats battus dans cette élection. Il leur a rappelé que le Congo-Brazzaville était un bien commun.

Mais cette main tendue n'a pas trouvé preneur. L'opposition est vent debout contre les résultats provisoires proclamés mardi, moins de 48 heures après la fermeture des bureaux de vote. Tous dénoncent un scrutin « calamiteux ».

La rapidité de ces résultats provisoires est le grief le plus souvent repris. Mathias Dzon, arrivé troisième selon ces résultats avec 1,90% des suffrages, estime qu'ils ont été compilés dans la précipitation : « C’est pas en un jour qu’on peut compiler les résultats venus de tout le Congo, et c’est pas de cette façon qu’on peut les donner. Il y a quelque chose qui étonne : dans la plupart des résultats, on suit l’ordre de présentation des candidats sur le bulletin de vote. Donc, c’est quelque chose de préconçu. »

Même son de cloche pour Jean-Jacques Yhombi-Opango, allié de feu Guy-Brice Parfait Kolelas, qui est arrivé deuxième avec 7;84% des voix. Selon lui, la rapidité avec laquelle ces résultats ont été annoncés est douteuse : « J'aimerais bien voir avec quel matériel ils ont pu faire. Je veux bien qu'on évolue. On nous dit ici qu'il n'y a pas de biométrie, qu'il n'y a pas toute cette technologie. Le faire aussi vite ? Je suis assez surpris. Ce n'est pas normal. Toutes les compilations ne sont pas encore arrivées à Brazzaville. C'est vraiment très sale. »

L’opposition conteste notamment les résultats en provenance des régions forestières dans le nord, à plus de 900 kilomètres de la capitale Brazzaville. Des accusations rejetées par Anatole Collinet Makosso, porte-parole de la campagne de Denis Sassou-N'Guesso, pour qui l’opposition n’avait qu'à être mieux organisée : « L'État a ses canaux de transmission de l'information. Cela ne doit quand même pas être comparé à l'individu qui ne sait même pas par quel moyen il peut faire parvenir les résultats ici. S'ils étaient mieux organisés, ils pouvaient les avoir. L'État ne doit quand même pas subordonner son fonctionnement à la dextérité, à la diligence ou à la non-diligence des particuliers. Ce n'est pas possible. »

L’opposition a trois jours, à compter de la lecture des résultats provisoires, pour déposer un recours.

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville