Présidentielle 2021 : Les congolais privés des communications nationales et internationales votent leur Président ce dimanche

Les congolais, les visages dissimulés derrière les masques protecteurs, le coronavirus oblige, sont appelés aux urnes ce dimanche 21 mars 2021 pour élire un nouveau président. Principal enjeu du scrutin : la participation. Mais aussi la transparence. Le Congo vit en circuit-fermé, le temps de l’élection, ce jusqu’à lundi. Les communications nationales et internationales ont été coupées à la demande des autorités.

Au total près de 2,5 millions d’électeurs sont attendus aux urnes ce dimanche. Avant eux, environ 60 000 agents de la force publique ont accompli leur devoir mercredi dernier. Les électeurs qui n’ont pas reçu leurs cartes à domicile peuvent les retirer à l’entrée du bureau de vote, selon le Ministère congolais de l’Intérieur.

Ce sont plus de 5 700 bureaux de vote qui sont ouverts entre 7 heures et 18 heures.

Un des principaux enjeux du scrutin est sans nul doute le taux de participation. Elle a eu tendance à baisser au Congo depuis une quinzaine d’année, à l’exception notable de la présidentielle de 2016.

Verra-t-on cette année encore, la crise sanitaire oblige, des files d’attente devant les bureaux de vote ? Beaucoup en doutent à Brazzaville, où la lassitude est grande vis-à-vis de la classe politique, et où une part non négligeable de la population considère ce scrutin « joué d’avance ».

Autre enjeu, celui de la transparence. Tous les candidats seront-ils par exemple en mesure de déployer des délégués dans chacun des plus de 5 700 bureaux de vote ? Tous les procès-verbaux leurs seront-ils remis à la fin de la journée ? Questions d’autant plus importantes que certains opposants ont déjà laissé annoncer qu’ils se préparaient à contester les résultats.

Le scrutin se déroule avec moins d’observateurs que prévus. Du côté des observateurs nationaux, ils sont près d’un millier sur le terrain ce dimanche, selon l’un des vice-présidents de la commission électorale. Cela aurait pu être beaucoup plus si l’Eglise catholique ne s’était pas vu refuser l’accréditation des quelques 4 000 observateurs qu’elle a formés et pensait déployer.

Du côté des internationaux sont présents une vingtaine d’observateurs de l’Union africaine,– moins que prévu en raison de la pandémie de Covid-19. Ils sont répartis entre Brazzaville, Ouesso, le Niari, la Sangha et le Pool. Il y a aussi une trentaine d’observateurs de la CIRGL ainsi qu’une équipe de la CEEAC. Tous sont arrivés récemment, pour des missions dites « de court terme », et non pour une observation de l’ensemble du processus.

L’Union européenne, elle, n’a pas déployé de mission, faute d’avoir été saisie d’une requête formelle des autorités congolaises. Pour ce qui est des diplomates en poste à Brazzaville, peu d’ambassades ont sollicité une accréditation.

Sur le plan sécuritaire, le climat qui entoure ce scrutin paraît cependant moins lourd qu'il y a cinq ans. Mais c'est surtout la publication de résultats, qu'elle soit le fait du gouvernement ou de l'opposition, que les congolais envisagent avec appréhension, tant l'animosité et la méfiance sont grandes entre les camps des sept principaux candidats. Une proclamation d'un résultat global par les organes électoraux officiels devrait prendre quelques jours au moins.

Sept candidats sont en lice cette année : Denis Sassou N’Guesso qui cumule déjà à 77 ans, 36 ans à la tête du pays, Guy Brice Parfait Kolélas très malade, diagnostiqué vendredi après-midi au Covid-19 selon Cyr Mayanda son directeur de campagne, Dave Uphrem Mafoula, Mathias Dzon, Anguios Nganguia Engambé, Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou et Albert Oniangue.

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville