USA : Le témoignage choc d’Antoine Mabonghot après le décès de Pascal Lissouba

L’ancien Président de la République du Congo, le Professeur Pascal Lissouba est mort à l’âge de 88 ans, lundi 24 août 2020, à Perpignan en France, à la suite d'une longue maladie. Les congolais de la Diaspora ont appris avec émotion la disparition de celui qui les a guidés pendant cinq ans (de 1992 à 1997). Antoine Mabonghot qui gérait avec abnégation tous les aspects de sa protection rapprochée, salue, depuis les USA, la mémoire de l’homme d’Etat, mais aussi rend hommage à l’homme, dans sa richesse et sa complexité. Pour lui, seuls comptent, finalement, ce que l’on est dans sa vérité et ce que l’on peut faire désormais pour le Congo après la mort de Pascal Lissouba qui aimait toujours dire : « le peuple congolais n’attend qu’une seule chose : que l’on se mette à son service et non pas qu’on se serve de lui ».

«Je suis entré à la Présidence presque par effraction : Ni politiques ni militaires, personne ne m'y attendait. Le tout premier directeur de cabinet (Martial Ikounga) du Professeur Pascal Lissouba se plaignit auprès du Président élu, du fait que j'occupais un bureau, sans autorisation à la Présidence ...Quatre semaines plus tard, je fus envoyé "punitivement" à Johannesburg pour une formation en protection. A la surprise générale, je survécu. ...Comme si cela n'avait pas suffi, me voici au cœur d'une autre formation broyeuse de physiques et de talents. Ici encore, je majore aux côtés de deux autres militaires congolais. C'est ainsi que mes formateurs m'imposèrent auprès du nouveau Président élu pour gérer tous les aspects de protection rapprochée.

Il faut dire que le Président Pascal Lissouba n'est pas un "principal" facile à protéger. Traumatisé par des arrestations brutales et des emprisonnements fermes, le Président Lissouba avait de rapports très "congelés" avec le monde sécuritaire ou militaire.

Mes hommes et moi devrions nous imposer techniquement et intellectuellement chaque jour.

Médusé devant l'étendue de son savoir, je retiens une chose : sa connaissance et son amour profond et sincère pour notre pays. Sa vision pour notre pays se lit dans les vocables tels : "Chacun aura sa part". Croyant en notre potentiel humain, il disait: "nous pouvons faire de notre pays une petite Suisse".

Il est parti. Je suis doublement sous le choc.

L'incompris a tout essayé. A l'amour profond qu'il avait pour son pays, lui ont été imposés : destructions de ses travaux agricoles, effondrement des entreprises érigées sous son autorité, arrestations, emprisonnement, guerres, humiliations diverses.

Nous perdons un Être, un esprit, un gisement, une fierté. La vérité c'est qu’à ses côtés, j'ai intellectuellement tout gagné : Je ne suis plus qu'un vulgaire enseignant, je ne suis plus qu'un simple professionnel de la communication. Ma connaissance de notre pays profond est notoire. Le militaire, la politique et les politiques de chez nous, ne me paraissent plus lointains. J'ai compris l'homme et ses idées ».

Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville