Congo : Thierry Moungalla rend hommage à Marc Mapingou Mitoumbi

Le ministre congolais de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla a rendu un vibrant hommage à celui qu’il avait rencontré pour la première fois à la fin des années 80, l’ancien directeur de campagne du Professeur Pascal Lissouba à la présidentielle de 1992, la voix officielle du Général Jean-Marie Michel Mokoko à l’étranger, mort mardi à Paris en France, à 63 ans, des suites du Covid-19. La sincérité et la grandeur de ce texte qui vient du coeur du ministre Moungalla, témoignent de la pureté même de l'âme de son rédacteur et son estime vis à vis de son ainé Marc Mapingou dont il se sent désormais orphelin.

«J’ai rencontré Marc Mapingou pour la première fois à la fin des années 80. Dans des circonstances privées qu’il n’est pas nécessaire de rappeler ici. J’étais jeune. Je ne suis pas certain que cette rencontre fortuite, à travers une connaissance commune, l’ait particulièrement marqué.

Arrive 1994. Je suis à Brazzaville. Marc est alors un personnage, une légende même; en tout cas pour tous les jeunes brûlant de servir un jour leur pays. Réunions du forum des jeunes, agora qui finira par avorter, tant le pouvoir de l’époque ne voulait pas d’une jeunesse unie et réfléchie. Marc est là. Il domine la salle, pas seulement par son charisme mais par une sorte d’autorité naturelle.

J’interviens lors d’une séance. Il me repère. Me demande de le voir plus tard. Hors de cette salle. Nous nous revoyons. Plusieurs fois. Échanges très riches. L’homme est cultivé. Entre autres fulgurances intellectuelles, il me fait découvrir Cioran le grand écrivain franco-roumain auteur du « Précis de décomposition ». J’ai, depuis, dévoré l’œuvre de cet écrivain essentiellement crépusculaire.

Je n’ai toujours pas compris comment et pourquoi Pascal Lissouba s’est passé, son mandat durant, de cet immense talent qu’était Marc Mapingou. Il s’agit certes là d’une des nombreuses erreurs commises par le « Professeur President ».

Grand Marc, tu as été un homme de conviction et de constance. Nous ne partagions pas, et loin s’en faut, récemment comme dans nos échanges passés d’il y a plus de 25 ans, les mêmes convictions ni même, souvent, la même vision du devenir de notre beau pays. Mais je ne crois pas trahir la vérité que de dire que j’ai constamment vu en toi un patriote sincère et désireux du mieux pour notre patrimoine commun, le Congo.

Même récemment, dans nos quelques échanges, j’ai pu retrouver avec plaisir l’homme de large vision et de culture que tu n’as cessé d’être, malgré les vicissitudes de la politique.

Grand dandy devant l’Eternel, tu aimais les belles choses de la vie. Et un homme qui aime les bonnes choses ne peut pas être foncièrement mauvais !

« Cher aîné », comme je t’appelais. « Grand chef », comme tu m’avais malicieusement surnommé en retour. Pars en paix. Tu vas te reposer loin de ta patrie. Mais je sais que la terre de nos ancêtres, dont je souhaite que tu la rejoignes dès que cela sera possible, te recevra un jour. Lorsque les ravages de cette pandémie diabolique seront un lointain et funeste souvenir.

Je finirais par une belle citation de ce Cioran que tu aimais tant. Il avait écrit que « quand on rencontre quelqu'un de vrai, la surprise est telle qu'on se demande si on n'est pas victime d'un éblouissement ».

Je t’ai rencontré. J’ai été surpris. J’ai été ébloui. Vas, cher aîné. Vas en paix. Adieu, adieu, adieu... »

Thierry Moungalla