Crise politique en RDC et dans le reste de l’Afrique : l’écrivain Brazza-congolais Michel Peya fustige la démocratie d’exclusion et du non partage / C-News

Dans son ouvrage «Démocratie à l’Africaine, Osambe ou Kinzonzi, la vie ou la mort des Etats», Michel-Innocent Peya, chercheur et Ecrivain africaniste, qui, depuis  quelques années nourrit la littérature à plusieurs thématiques, avait développé l’idée de la démocratie de partage et d’inclusion totale dans  la gestion des affaires publiques.  

En effet, de la page 232 à la page 265, au  chapitre sixième de son ouvrage,  le chercheur du Congo-Brazzaville, démontrait comment la participation de toutes les  couches sociales  à la gestion des affaires publiques constitue un facteur déterminant à l’apaisement des conflits, des tensions et  des  crises. L’inspirant de ses écrits, de sa pensée entant qu’auteur ;  lampe torche qui  éclaire la  marche de  la société, nous saisissons de l’opportunité que nous offre son engagement,  pour lancer un appel à la classe politique de  notre  pays en particulier et  à  celle de l’Afrique en général qu’il faut éviter la démocratie de  l’exclusion. Cette démocratie, selon Michel-Innocent Peya, est un suicide de nos  sociétés et  de nos  populations.  

L’histoire politique de la République Démocratique du Congo, est révélatrice à cet effet. Pendant la deuxième République, pour être candidat à la présidence de la République, le critère principal était qu’il fallait être un Président Fondateur du MPR, alors  qu’il n’y en avait qu’un seul sur l’ensemble du territoire national. L’élection se passait à bulletin unique «VOTEZ VERT». C’est cette démocratie de l’exclusion, d’un vote à candidat unique qui  a été à l’origine de la création des  partis d’opposition, des guerres civiles et  des rebellions.

Pendant cette même période, la concentration du  pouvoir dans  les mains d’une bourgeoisie d’Etat et la mise à l’écart de certaines  Communautés de  la gestion des affaires  publiques avait donné prétexte aux populations  congolaises d’expression Rwandophone de  gonfler les rangs de l’AFDL pour renverser le Marechal Mobutu. A la fin de la transition 1+4, la mise à l’écart de l’UDPS et  de son président, Etienne  Tshisekedi au processus de  la gestion publique et  de l’élection de 2006, a eu un impact réel sur le degré de légitimité des institutions et donné l’impression à tout un peuple d’un rêve trahi. 

La  RDC n’est pas le seul cas d’une démocratie de l’exclusion, la Côte-d’Ivoire sous Laurent Bagbo, avec le critère d’ivoirité pour accéder à certains  postes en  a payé un  lourd prix. Actuellement encore, la  non participation aux affaires  publiques, des partisans de l’ancien président Bagbo avec 300.000 personnes en exil, est une bombe à retardement. Dans le même ordre d’idées, le génocide du Rwanda et toutes différentes tueries ethniques au Burundi sont entre autres, les résultats de la démocratie de l’exclusion en Afrique. Les revendications indépendantistes des touarègues au Mali, des Negro-Mauritaniens, des Soudanais du Darfour, des peuples de l’enclave du Cabinda en Angola et de bien d’autres est  une conséquence directe ou indirecte de l’application, dans une certaine mesure, de cette démocratie de l’exclusion.

De ce qui précède, Michel-Innocent Peya exhorte  les dirigeants africains, les classes politiques africaines  à penser, tant qu’ils le peuvent à faire participer toutes les couches sociales, chacune selon son poids démographique et politique à la gestion des affaires publiques. Les jeunes, les  femmes, la diaspora, les chefs coutumiers, les anciens gestionnaires publics ayant fait preuve de gouvernance exemplaire, les personnes vivant avec handicap, les églises, les ONG/D et les associations des droits humains ; bref la société civile…ont le droit de participer à la gestion publique pour prévenir ou apaiser les  tensions, crises et conflits qui déchirent nos sociétés. C’est ça la démocratie de partage que prône Michel-Innocent Peya. Nous espérons que les  délégués et  les chefs de fils de chaque camp  impliqué dans  la recherche des  solutions  à la crise actuelle en RDC puiseront dans cet ouvrage qui est au  rendez-vous de l’histoire de grands événements de l’Afrique.  

Pour Michel-Innocent Peya, la paix  et la stabilité en Afrique, passe par la mise en œuvre de la démocratie de la  non exclusion et  du partage, celle qui consiste à ce que chacun ne gagne pas  tout et que personne ne perde pas  tout. C’est cette démocratie qui est conforme aux coutumes, aux mœurs et aux valeurs africaines. Car en Afrique, Martèle l’écrivain Peya, ceux qui sont exclus au repas ne parleront jamais le même langage que ceux qui mangent. C’est ce qui  fait que les guerres civiles, les rebellions, les  instabilités ne sont que les guerres de positionnement et que les conséquences de l’exclusion et  de la mise  à l’écart de la gestion de la chose publique des certains couches sociales. La démocratie de l’exclusion est un couteau à double tranchant. Ceux qui ont contesté le dialogue et le compromis hier, ce sont eux qui le réclamer aujourd’hui. Et finalement, ceux qui le réclament aujourd’hui haut et  fort, demain vont le contester  à corps et  à cri. On dirait on se retrouve dans un cercle infernale de manipulateur, manipulé qui manipule.  

C-News/RDC