Guyane : Le maire Félix Dada dévoile ses projets culturels et éducatifs pour la commune de Grand Santi

Jeudi 5 octobre 2023, à Paris, pour Les Echos du Congo-Brazzaville, nous avons pu rencontrer Monsieur Félix Dada, maire de Grand Santi, une commune française de la collectivité territoriale unique de la Guyane, élu en 2020. Son déplacement au sein de la capitale pour une semaine, nous a permis d’évoquer des projets en cours de réalisation, principalement dans le domaine culturel et éducatif. Plein de foi et d’optimisme, nous soulignons le travail et la volonté de cet homme prêt à se « battre » pour faire avancer les actions en faveur des habitants de sa commune.

Quelles sont les raisons de votre venue à Paris ?

Je suis à Paris dans le cadre de mes fonctions de maire, et notamment par rapport aux problèmes que nous rencontrons avec la liquidation de la société Air Guyane, mais aussi aux soucis de logements.

Nous avons rencontré le ministre des Outres Mer et ce soir nous rencontrerons le ministère de la cohésion des territoires. C’est toujours intéressant ces échanges ! De plus, pour moi, venir à Paris est l’occasion de rencontrer les principaux intéressés et de travailler en face à face avec mes collaborateurs. Il y a des sujets qui sont parfois très compliqués en Guyane, comme le travail avec la préfecture, qui certes se réalise, mais c’est encore mieux de travailler avec le ministre qui lui est habilité à donner des ordres. En effet, il est important de souligner que le maire et le préfet n’ont pas la même vision des choses, ce qui est normal car le préfet ne vit pas notre quotidien, il ne voit pas ce qui se passe, mais moi qui suis sur le terrain je peux directement parler au ministre et faire remonter les informations importantes, afin que les choses évoluent positivement.

Je tiens à rajouter que je viens ici pour aborder et trouver des solutions aux problématiques que nous rencontrons à Grand Santi. On peut trouver des issues qui peuvent arriver directement ou indirectement. Cependant, il est important que le ministre ait accès à nos préoccupations et surtout qu’il puisse les entendre de la bouche d’un convaincu, c’est-à-dire, de quelqu’un qui le vit de près.

Le préfet a la capacité de prendre des décisions mais pas forcément par rapport à des choses qu’il voit, il s’agit plutôt des choses qu’il peut entendre et qui lui sont rapportés. Alors me concernant et dans le cadre de l’exercice de mes fonctions il me parait indispensable de venir à Paris pour représenter ma commune.

Qu’est ce qui vous tient à cœur pour le bien de Grand Santi ?

Je souhaite profondément que Grand Santi soit un lieu où les gens puissent marcher en sécurité, car je pense que c’est la base. Tout être humain doit pouvoir se sentir en confiance à vrai dire, dans n’importe quel lieu où il se trouve. Et si les gens se sentent bien, là on pourra commencer à parler de développement. En effet, si on veut apporter des plus-values à la commune, je ne pense pas que ce soit uniquement avec les Grands Santiens, il faut obligatoirement selon moi qu’il y ait aussi d’autres personnes.

Je vais vous donner un exemple que je prends souvent pour illustrer mes propos. Supposons que l’information négative sur les écoles circule et qu’on dise de Grand Santi que c’est un endroit où règne la violence, aucun enseignant de métropole par exemple ne voudra venir. Il n’aura pas de motivation, tandis que si l’on parle de choses positives, avec des projets qui sortent des terres, en améliorant par exemple les conditions d’accueil, je pense que dans ce cas-là, les gens vont venir plus facilement. Et donc il est nécessaire d’améliorer dans ce sens notre territoire, et quand je parle de développement je n’entends pas uniquement la construction de bâtiments. Il faut travailler autour des infrastructures afin que les gens se sentent en sécurité. Et en tant qu’homme politique mais aussi avec tous les leaders, les administrés présents, nous pouvons recevoir sur notre territoire des professeurs venant d’ailleurs pour transmettre le savoir à nos enfants et en faire de futurs responsables citoyens.

Quand je parle de sécurité je parle d’un tout, il ne s’agit pas d’hommes qui courent dans la rue avec des armes, pour moi la sécurité c’est une route bien construite, des classes pour tous, de l’eau potable, c’est la base même de la Sécurité avec un grand « S ». En somme la sécurité, c’est l’ensemble d’un bien être.

Les initiatives et manifestations prennent forment à Grand Santi. C’est un territoire qui veut se tourner vers l’avenir et offrir à ses habitants comme  vous le dite  Monsieur le Maire Félix Dada « sécurité » dans le sens premier du terme. C’est avec joie et enthousiasme que nous trouverons force et persévérance pour faire avancer votre commune à notre niveau en diffusant l’information à travers une emprunte écrite qui sera gravée et fera partie de l’histoire d’un peuple libre. Alors en terme de projets culturels et éducatifs où en êtes-vous à Grand Santi ?

Je peux dire que nous sommes en phase de restructuration au niveau de l’administration, mais aussi sur le plan culturel. Il faut mettre en avant nos savoirs faire et les transmettre à nos enfants. Et ceci passe aussi par la réorganisation de certains lieux de rencontres.

Par exemple aujourd’hui à Grand Santi il manque un lieu culturel où les jeunes peuvent venir s’asseoir et échanger, raison pour laquelle nous avons lancé un projet de médiathèque qui apportera un ensemble d’éléments positifs en termes de rencontres pour les jeunes. D’autre part, il servira de lieu d’échanges car ce ne sera pas seulement un endroit où l’on prend un livre, mais une place où l’on vient et où l’on part, où l’on peut faire de la lecture sur place, ou bien emprunter un bouquin, où peuvent naître des créations artistiques comme des activités de type théâtre.

Je pense que nous devons mettre tout cela en avant assez rapidement, d’ailleurs nous avons déjà trouvé un architecte, ainsi nous allons pouvoir passer à la deuxième phase, la conception du bâtiment.

Concernant nos manifestations culturelles, La semaine du 9 octobre 2023 il y aura la fête du TATAodun, signifiant « ’arbre sacré » et à cette occasion tous les ans les bushinengués viennent faire leurs prières, couper les abattis pour que nos différentes plantations, maniocs par exemple, puisse bien pousser.

Qu’attendez-vous du livre sur Grand Santi qui va bientôt voir le jour ?

En travaillant avec vous qui êtes sociologue nous souhaitons, mon équipe et moi que l’histoire de Grand Santi soit tracée. Quand ce livre verra le jour, pour ceux qui vont le lire, ils porteront en eux notre histoire. Que l’on soit à Grand Santi ou partout dans le monde à travers ce livre demeurera le passé, le présent et le futur des bushinengués. C’est pour cela que nous vous invitons à nouveau chez nous pour poursuivre notre travail dès le mois prochain et mettre en avant les éléments nécessaires et indispensables pour que puisse naitre ce beau et ambitieux projet.

Propos recueillis par Doris Mandouélé sociologue