Coup d’Etat au Gabon : Oligui Nguema nommé président de la transition, couvre-feu maintenu, Bongo en résidence surveillée, un de ses fils arrêté

Le nouvel homme fort de Libreville a été désigné à l’unanimité, Président du Comité pour la transition et la restauration de la transition (CTRI), Président de la transition, par le conclave des généraux et Chefs militaires gabonais, réunis mercredi 30 août 2023 au Palais de la présidence de la République à Libreville.

À l’issue de ce conclave, le nouvel homme fort de Libreville, s’est engagé à veiller sur la paix, la sécurité et l’essor économique du Gabon.

Il exhorte les gabonais à veiller à leurs occupations favorites entre 6h et 18h.

Le couvre-feu reste donc de rigueur jusqu’à nouvel ordre, alors que la durée de la transition n’a pas été circonscrite.

Le général Oligui Nguema  est un haut gradé qui gravite depuis longtemps dans le premier cercle du pouvoir.

Fils d’officier, Brice Clotaire Oligui Nguema a été formé au Maroc, pays très proche du Gabon, avant de se faire remarquer et de devenir aide de camp d’Omar Bongo, président du Gabon de 1967 à 2009. Brice Clotaire Oligui Nguema le reste jusqu’au décès du président, en juin 2009. Ali Bongo succède alors à son père mais la carrière de l’officier prend un tournant. Il est envoyé à l’étranger, comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon au Maroc puis au Sénégal. Un éloignement que Brice Clotaire Oligui Nguema aurait mal vécu, ressenti comme un exil forcé, indiquent de bonnes sources.

Dix ans plus tard, après l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo, Brice Clotaire Oligui Nguema, alors colonel, revient au pays et au premier plan. Il remplace Frédéric Bongo, demi-frère du président, à la tête des renseignements de la garde républicaine et ses bérets verts.

Six mois après son retour de l’étranger, il avait pris le commandement de la Garde Républicaine où il avait renforcé le dispositif de protection autour du chef de l’État. Il avait pour mission de diriger la garde prétorienne d’Ali Bongo et de veiller sur lui. Il a finalement décidé de le faire chuter.

Au journal Le Monde, il a justifié mercredi : « Vous savez qu’au Gabon il y a une grogne et, au-delà de cette grogne, il y a la maladie du chef de l’État. Tout le monde en parle, mais personne ne prend ses responsabilités. Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat, la Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités. »

Le président déchu du Gabon, Ali Bongo est en résidence surveillée, indiquent les militaires putschistes à la télévision d’État, alors que son sort était jusqu’alors incertain. Il serait «entouré de sa famille et de ses médecins».

Un des fils du président, Noureddin Bongo Valentin a été arrêté pour « haute trahison contre les institutions de la République, détournement massif, malversation financière internationale en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du Président de la République, corruption active, trafic de stupéfiant » avec ses amis (Yann Ghislain Ngoulou, Mohamed Ali Saliou, Abdoule Oceni, Jessye Ella Ekogha, Steeve Nzegho Diecko et Cyriaque Mvourandjiami), ont également précisé les putschistes.

Depuis sa résidence surveillée où il a été placé par les putschistes, le Président du Gabon, Ali Bongo Ondimba a appelé, dans une vidéo, "ses amis" du "monde entier" à "faire du bruit".

On l'y voit, sans pouvoir déterminer le moment où la vidéo a été tournée, assis dans un fauteuil, et il assure être dans sa "résidence".

Manifestement inquiet, il dit en anglais: "Je suis Ali Bongo Ondimba, président du Gabon", "j'envoie un message à tous nos amis dans le monde entier pour leur dire de faire du bruit" à propos "des gens qui m'ont arrêté, moi et ma famille".

Ali Bongo, qui dirige, à 64 ans, le Gabon depuis plus de 14 ans, avait été proclamé, quelques instants avant le putsch, vainqueur de l'élection de  samedi dernier.

"Mon fils est quelque part, ma femme est dans un autre endroit, et moi je suis à la résidence et rien ne se passe, je ne sais pas ce qui se passe", poursuit le président déchu. "Je vous appelle pour faire du bruit", répète-t-il trois fois.

Les militaires n'ont rien dit du sort de son épouse franco-gabonaise Sylvia Bongo Ondimba.

Le président a quant à lui dit que sa femme "était ailleurs".

Les coups d’État se sont multipliés ces dernières années sur le continent, qui connaît sa situation la plus instable depuis 30 ans.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville