Enfin la Belgique va restituer une dizaine de crânes de Congolais à la RDC

L’Université libre de Bruxelles (ULB) va restituer à la République démocratique du Congo (RDC) une dizaine de crânes de Congolais ramenés en Belgique pendant la période coloniale et conservés dans ses collections d’anthropologie, a indiqué vendredi 16 octobre un de ses responsables.

La restitution s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre l’ULB et l’université congolaise de Lubumbashi (Unilu), qui sera in fine destinataire de ces restes humains.

« Les crânes de nos ancêtres engrangés dans les musées européens témoignent des épisodes douloureux de l’histoire coloniale », a commenté le recteur de l’Unilu, Gilbert Kishiba Fitula, cité dans un communiqué.

« Leur restitution aux Congolais constitue un impératif éthique qu’il convient de saluer comme une étape décisive, à la fois pour la réappropriation des pans occultés du passé, et pour une coopération scientifique débarrassée du poids du passé », a-t-il ajouté.

Ces 14 crânes que l’ULB détient depuis le début du XXe siècle ont été acquis au Congo sous Léopold II, dans la période la plus critique de la colonisation belge (1885-1960). Cet ex-roi des Belges, qui a régné de 1865 à 1909, a géré le Congo comme sa propriété personnelle de 1885 à 1908, une période marquée par une grande violence, liée notamment à l’exploitation du caoutchouc.

L’ULB estime que les crânes ont été transportés vers Bruxelles par des militaires ou d’autres colons belges, qui les ont ensuite vendus à des scientifiques travaillant à l’époque sur la craniométrie et le lien entre mensurations et races.

On rappelle que récemment, la Belgique a pris l’engagement de restituer la dent de Patrice Lumumba, le seul reste de la dépouille du héros de l’indépendance congolaise, à ses enfants. Près de soixante ans après son arrestation et sa mort au Katanga, le 17 janvier 1961, aux mains d’un escadron de policiers belges, Patrice Emery Lumumba, dont le corps a été disloqué et brûlé dans de l’acide, devrait enfin avoir une sépulture au Congo.

Deux de ses dents, conservées comme un trophée de chasse par un commissaire de police belge qui officia longtemps au Congo, sont réclamées par la famille depuis 2011. Et ce, dans le cadre d’un procès intenté en Belgique par les enfants de Lumumba contre dix Belges impliqués dans le meurtre.

De son côté, la présidente de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC), Jeanine Mabunda, a demandé à son gouvernement d’accompagner le rapatriement de la dent, chargée d’une longue histoire et d’une grande violence, pour accorder à Patrice Lumumba des « funérailles dignes de son rang ».

Jarele SIKA/ Les Echos du Congo-Brazzaville