France : « Casse-toi Ali Bongo ! » un mouvement de résistance gabonais à Paris créé par Christelle Yvette Valérie Mbindjou

Pays d’émigration traditionnelle pour les gabonais depuis plusieurs années, la France a souvent représenté une base d’appui pour les mouvements politiques gabonais. « Casse-toi Ali Bongo ! » est un nouveau mouvement de résistance patriotique et actif au bord de la Seine pour demander impérativement le départ du président gabonais, Ali Bongo Ondimba, foudroyé par un AVC en octobre 2018. Il a été créé par la gabonaise de 40 ans, Christelle Yvette Valérie Mbindjou.

Victime d’une agression sexuelle en février 2018 dans une salle de réunion au quartier Haut de Gue-Gue à Libreville, Christelle Yvette Valérie Mbindjou, militante de l'UGDD / Opposition, persécutée par le système PDG, parti au pouvoir depuis plus de 40 ans, a quitté précipitamment le Gabon en décembre 2018 pour venir vivre en France, loin de son directeur, un proche d’Ali Bongo, qui commençait quasiment à détruire sa carrière professionnelle et sa vie sociale dans le plus grand silence, alors que le gouvernement gabonais a adopté  depuis plusieurs années un projet de lois incluant le délit de harcèlement sexuel au travail dans le code pénal, un texte qui vise notamment la protection et l’épanouissement de la femme gabonaise ainsi que la préservation de sa dignité. Erreur !

« Nous voulons que le système PDG dégage et avec lui, Ali Bongo Ondimba. Ceux qui sont au pouvoir en ce moment n’ont aucune expérience, ce sont des incapables. Ils veulent juste des postes c’est tout. Les blessés de la résistance de 2016 sont laissés pratiquement sans aide, les familles de victimes également, il n’y a eu aucun jugement des assassins et mercenaires qui ont tué des gabonais au QG du président élu du Gabon Jean Ping en août 2016. Plusieurs opposants du pouvoir dictatorial sont en prison. La culture du viol traverse encore toute la société gabonaise, j’en suis moi-même victime », nous a confié Christelle Yvette Valérie Mbindjou pour justifier la création de son mouvement politique à Paris en France.

Le masque qu'elle portait n'a pas suffi à cacher ses traits tirés. De toute façon ses yeux à eux seuls suffisaient à traduire le degré de sa colère face au pouvoir de Libreville.

« Pour tous les gabonais de la résistance en France, Ali Bongo appartient désormais au passé », a martelé la jeune activiste très critique vis-à-vis du président gabonais.

On rappelle que Christelle Yvette Valérie Mbindjou qui voulait porter plainte contre son patron pour agression sexuelle abusive au travail avant de quitter le Gabon, a été persuadée par ses collègues de service, certains dignitaires du parti au pouvoir et son ex-mari de surseoir la procédure. Le déferlement de tweets suscités par plusieurs hashtags au Gabon, a saisi l’opinion, révélant en même temps l’ampleur du phénomène et le silence qui l’entoure.

Entre céder son corps et sa dignité à un directeur insatiable et partir définitivement du Gabon, l’exilée sexuelle,  très menacée,  a opté pour le départ, loin des frontières nationales, laissant derrière elle toute sa famille en émoi.

«Au Gabon, ma vie a été transformée en véritable cauchemar. En créant le mouvement Casse-toi Ali Bongo, c’est aussi une manière de briser enfin le silence pour exiger davantage la protection des femmes  gabonaises face à ce phénomène de harcèlement sexuel au travail, mais aussi la justice des martyrs du système PDG », a affirmé la victime très proche de l'opposition gabonaise.

Au Gabon, comme partout en afrique, le harcèlement sexuel reste un énorme tabou. Pourquoi autant de silence, peut-on s'interroger ?

La personne qui est en position de pouvoir et d'autorité peut demander ou proposer différentes contreparties à caractère sexuel en échange, par exemple, pour l’employée, d'un meilleur salaire, d'une promotion, d'une lettre de recommandation… De nombreuses femmes privilégient parfois leurs salaires et promotions que de briser le silence.

Comment pouvons-nous en être  encore là, après plusieurs années de lutte pour les droits des femmes gabonaises et contre les violences qu’elles subissent ?

Christelle Yvette Valérie Mbindjou, traumatisée jusqu'à ce jour,  se prépare à organiser une marche pacifique au mois de septembre prochain à Paris en vue de dénoncer les « dérives du pouvoir PDG» et le triumvirat qui aurait été mis en place à Libreville pour assurer la continuité de l’Etat.

Edwige KISSINGER / Les Echos du Congo-Brazzaville