Tribune libre : Une réhabilitation urgente s’impose pour le CFCO (Par Ouabari Mariotti)

Je l'avoue, la ligne du Chemin de Fer Congo Océan n'a pas été restaurée sous le Président Pascal Lissouba, d'août 1992 à juin 1997. Aujourd'hui, de bonnes raisons de réfléchir à l'immense effort de reconstruction du CFCO existent. D'autant que les causes de la mort lente de ce chemin de fer sont connues. Le matériel roulant et fixe a vieilli. La densité des pluies du climat équatorial de la sous région, avec toutes leurs répercussions sur l'environnement, déstabilise les sols sur lesquels ont été fixés les rails.

Les effets de cette crise du CFCO sont énormes, tant au plan de la gestion de l'entreprise publique qu'est le CFCO que sur la rentabilité et la vie sociale des personnels. Cette crise affecte, par ailleurs, le trafic des marchandises, le service des voyageurs, sans compter les arrêts de travail pour divers motifs techniques, économiques et humains. A cela s'ajoute que les quelques ateliers en vie manquent de pièces nécessaires de réparation. Il n'est pas exclu que des locomotives détériorées se rouillent dans des dépôts encombrés.

Depuis de nombreuses années, le réseau du CFCO a effectué des transports intenses d'hommes, de matériels et d'hydrocarbures. Le CFCO s'est acquitté tant qu'il l'a pu, avec succès, à une certaine époque, de cette vitale activité pour l'UDEAC, au demeurant, pour la nation congolaise.

Aujourd'hui, la voie ferrée, soumise à un trafic important, n'est entretenue que par des moyens de fortune. Le CFCO ne produit plus suffisamment de ressources pour changer, comme il l'aurait souhaité, les rails et les traverses. Renouveler le ballast, les locomotives et les wagons est encore plus complexe et compliqué. Sur certains tronçons du CFCO, la circulation des trains est devenue périlleuse.

S'il est avéré, le grave accident du 25 janvier 2022, au quartier Moutabala, à l'entrée Sud de Brazzaville, ce sinistre serait la preuve que le CFCO a besoin d'une cure de jouvence, même si ce genre de catastrophe est imprévisible et pourrait toucher les chemins de fer les plus sûrs.

Le désordre au CFCO part de l'incompréhensible impuissance des pouvoirs publics d'avoir été indifférents à la folle occupation par des Congolais inciviques des entrepôts CFCO de Mpila, à Brazzaville, espaces terminaux techniques, réservés à la maintenance des trains venant de Pointe Noire.

De nombreuses habitations se sont établies sur les rails. Certaines concessions partagent leurs domaines avec des lignes de chemin de fer abandonnées. Incroyable. Fait, inimaginable, surréaliste.

Secrétaire Général auprès du Premier Ministre Ange Edouard Poungui, je me souviens du combat vain de M. Hilaire Mounthault, Ministre des Transports et de l'Aviation Civile, pour rétablir le CFCO, dans ses droits sur ses terrains et hangars de MPila. De cette bataille perdue du Ministre Hilaire Mounthault est née sa décision noble de clôturer l'Aéroport International de Maya Maya avec des panneaux de béton pour prévenir tout grignotage du périmètre de l'aéroport par cette catégorie de Congolais véreux qui trouvent leur plaisir à affaiblir l'Etat en le spoliant et en le dépouillant de ses biens.

Fut un temps où les Congolais ont salué le réalignement du CFCO. Le Congo était moins riche en ressources budgétaires et humaines. Les temps ont changé. Le cours du baril du pétrole frôle les 86 dollars en janvier 2022. Les cadres techniques de haut niveau et la main d'œuvre des chantiers, au chômage, s'ennuient. Ils baillent aux corneilles.

Au moment où bruisse la rumeur d'un projet de chemin de fer qui traverserait le Congo, de bout en bout, d'Imphondo à Pointe Noire, le bons sens voudrait qu'on ne laisse pas mourir notre vieille gloire, le Chemin de Fer Congo Océan.

Des années de travaux seront nécessaires pour retrouver la situation des trains et des voyages par le CFCO qui faisaient la fierté des Congolais, en Afrique Centrale. Ces congolais qui sentaient la joie, l'espérance nationale remonter du fond de leurs cœurs quand ils empruntaient les trains couchettes, les trains bleus, et autres trains Micheline du CFCO. Pour la Nation, la réhabilitation du CFCO serait une plus value importante pour l'économie nationale.

Le CFCO est un des outils incontestables de la cohésion nationale comme pourrait l'être la ligne en projet Imphondo-Pointe-Noire si elle se réalisait.

Ouabari Mariotti

Paris 25 janvier 2022