"Génération sacrifiée" ? Comment le gouvernement pourrait soutenir l'emploi des jeunes de la Lékoumou

Les temps vont être durs pour les jeunes du département de la Lékoumou. Entre les petits boulots disparus, la rareté des opérateurs économiques … le marché du travail est en panne. S'ils ont été épargnés par le virus Covid-19, ils sont en revanche en première ligne face à la crise économique qui essore le pays. Et de cela, tout le monde en est bien conscient. La carte de la discrétion face à un peuple qui a faim, qui n’est pas en sécurité, qui est mal logé, mal nourrit, mal soigné, où le chômage fait un carton remarquable, où l’eau potable a fui les quartiers… ne marchera pas. Et face à cette situation compliquée, les jeunes de ce département ont soumis leurs préoccupations au chef du gouvernement, Clément Mouamba.

Les jeunes de Komono dans la Lékoumou ont donc appelé récemment, au cours d’un débat, le Premier ministre, accompagné des membres de son gouvernement, à faire de l’emploi des jeunes « une priorité nationale », pour éviter une « génération sacrifiée ». Ils attendent Clément Mouamba sur tous les fronts cités et être en dehors des foyers chauds ne paraît guère à son avantage ni pour son gouvernement…

Le gouvernement envisage-t-il de régler l’épineux problème du chômage qui étrangle les jeunes de la Lékoumou ? La réponse est floue : « Je suis venu écouter vos préoccupations sur un certain nombre de sujets liés à la vie de la nation », a déclaré le chef gouvernement, Clément Mouamba, pour lancer le débat ponctué d’une série de questions-réponses.

Antoine Nicéphore Fylla de Saint Eudes, ministre en charge de la Formation professionnelle et qualifiante, a indiqué que pour contenir la situation, le gouvernement a prévu la création des Centres d’éducation, de formation et d’apprentissage sur les métiers des mines et de l’artisanat à Komono et à Bambama.

On rappelle que lors de son élection en mars 2016, le président congolais, Denis Sassou N’Guesso avait promis de faire baisser le chômage. Mais la chute des cours du pétrole a fortement impacté l'économie congolaise qui dépend presque exclusivement de l'or noir. De façon directe, la baisse d'activité du secteur pétrolier a mis sur le carreau de nombreux travailleurs notamment dans les sociétés de sous traitance et d'intérim. L'effet domino a aussi des répercutions sur les autres secteurs de l'économie congolaise.

Cette crise qui frappe de plein fouet l’économie nationale, se traduit entre autres, par la baisse des recettes budgétaires de l’État dépendant à près de 70% du secteur pétrolier, la fermeture de plusieurs entreprises privées, des arrêts des chantiers d’infrastructures et des pertes massives d’emplois.

Les secteurs du bâtiment et des travaux publics, des mines et des para-pétroliers font partie des plus affectés par la crise. Ils ont enregistré des taux de dégradation de la situation les plus élevés du fait de l’impact direct de la baisse des cours du pétrole et du fer ou de la dette publique intérieure.

Le bois est la deuxième ressource d’exportation du pays après l’or noir. Les sociétés forestières ne sont pas épargnées par les méfaits de la crise. Si leur chiffre d’affaires est demeuré stable entre 2014 et 2015, il a cependant chuté de 15% au premier semestre de 2016.

Le constat est dur. Un taux d’activité faible, un « surchômage » persistant, la situation des jeunes sur le marché du travail s’est globalement dégradée et leur insertion professionnelle est plus compliquée au Congo.

Depuis quelques mois, l'économie nationale donne en effet l'impression d'être assise sur un volcan. L'ennui, c'est que, là encore, on n'est sûr de rien. D'abord parce que, à la différence de la relance par la consommation, la politique de l'offre a toujours du retard à l'allumage.

Avec un peu d'astuce et pas mal de chance, Denis Sassou N’Guesso peut encore espérer s'en sortir. Ensuite, parce qu’une bonne nouvelle est toujours possible sur le front de la croissance. Rien ne dit non plus que la politique de l'offre ne finira pas par porter ses fruits avant la fin du mandat de Denis Sassou N’Guesso.

Les entreprises disposent désormais d'une capacité de rebond. Et comme l’étau de la crise va se desserrer progressivement, le président a encore une petite chance de tenir son engagement avant mars 2021.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville