COVID-19 : le FMI prévoit une récession plus sévère en Afrique subsaharienne

Le coronavirus met l’économie des 48 pays de l’Afrique subsaharienne en danger. Ces pays pourraient voir leurs revenus retomber à leurs niveaux d'il y a dix ans, selon le directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI), Abebe Aemro Selassie.

Selon les dernières projections du Fonds monétaire international publiées en cette fin du mois de juin, l’économie de l’Afrique subsaharienne va subir cette année une récession de 3,2%. Cette contraction serait encore plus sévère que les prévisions faites en avril qui étaient de seulement 1,6%.

Même si l’Afrique reste encore le continent le moins infectée, la pandémie pourrait s’accélérer, hypothéquant les efforts de riposte contre le Covid-19 déployés dans les pays de la région.

L’institution financière basée à Washington renvoie l’optimisme à l’année prochaine. Un optimisme mesuré : le FMI table en effet sur un redressement de la croissance, mais dans bon nombre de pays au sud du Sahara, la progression ne sera pas suffisante pour ramener le PIB à son niveau de 2019. Les pays de la région dont les économies dépendent du secteur primaire ou du tourisme auront du mal à se relever, en tout cas pendant les premiers mois après l'épidémie.

« C'est une image véritablement inquiétante, en termes de perspectives économiques, qui reflète la faiblesse persistante de l'environnement économique mondial auquel sont confrontés les pays » d’Afrique subsaharienne, estime le directeur Afrique du FMI, Abebe Aemro Sélassié.

En plus de la pandémie, d'autres risques brouillent l’horizon et assombrissent les perspectives économiques, à commencer par la nature provisoire de l'accord commercial conclu entre les Etats-Unis et la Chine en janvier dernier. Même si tout le continent africain ne représente qu’une part infime dans les échanges commerciaux internationaux – moins de 5% –, les querelles commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, ainsi que la menace américaine de nouvelles taxes sur les produits européens pourraient entraver la reprise de l’économie mondiale. Et cet « environnement géopolitique tendu (...) aura également des retombées sur la région ».

Au cours des deux derniers mois, le FMI a accordé plus de 10 milliards de dollars d’aides d'urgence à 29 pays d’Afrique subsaharienne.

Les pays africains allègent peu à peu les mesures prises en mars dernier pour stopper la propagation de la pandémie de Covid-19. La plupart d’entre eux rouvrent certaines de leurs frontières.

Au Congo-Brazzaville, la communication du premier ministre Clément Mouamba sur le deuxième palier du déconfinement progressif en République du Congo en juin dernier, révèle que la crise sanitaire a eu un impact très fort sur la bonne dynamique de l'économie congolaise dans plusieurs secteurs à cause des mesures de confinement mises en œuvre dans la quasi-totalité du pays pour freiner l'épidémie de coronavirus. Une forte récession économique avec un taux de croissance négatif compris entre 10% et 7%, une forte augmentation du chômage, par la suppression d’emplois, notamment dans le secteur formel, une forte contraction du commerce extérieur, tant en exportations qu’en importations, une dégradation importante des finances publiques, actée par l’adoption de la loi de finances rectificative promulguée le 13 mai 2020.

Les entreprises de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ont connu une baisse d’activités de 34% entre mars et avril 2020, les industries minières ont presque toutes arrêté leurs activités, à cause de la forte baisse de la demande mondiale et des prix. Les industries forestières et pétrolières ont eu à faire face aux mêmes contraintes. Les industries agroalimentaires ont vu leur production reculer de près de 55%, les entreprises du BTP ont enregistré un effondrement de leur activité qui a atteint 92%. Les cimenteries ont connu la même évolution. Le commerce et les services ont affiché des taux de diminution d’activités de plus de 50%. Tous les secteurs formels de l’économie nationale sont fortement touchés par les effets désastreux du Coronavirus Covid-19, mais pas seulement, car le secteur informel, lui aussi, a été lourdement précarisé par la pandémie et par le confinement.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville