Les appartenances ethniques sont une richesse qui s’exprime dans notre culture littéraire et musicale (Alain Akouala Atipault)

L’ex ministre congolais des Zones économiques spéciales a écrit sur son compte Twitter que « les appartenances ethniques sont une richesse qui s’exprime dans notre culture littéraire et musicale ». Malheureusement, pour Alain Akouala Atipault, « certains acteurs politiques en ont fait le substrat sur lequel ils bâtissent leur existence politique. Si vous rajoutez le syncrétisme religieux, c’est le désastre ».

Au Congo-Brazzaville, pour satisfaire des intérêts politiciens, le clivage Nord-Sud a été institué de façon insensée, sans aucune cohérence géographique. Alors qu'il aurait été plus judicieux, d'émettre ces considérations en fonction de la ligne équatoriale. Où s’arrête le Sud et où commence le Nord ?

En avril 2020, Alain Akouala avait déclaré que « ce clivage a permis aux politiciens dépourvus de vision collective pour l’édification d’une Nation, de faire de la manipulation ethnique et la majorité de nos compatriotes ont été transformés en moutons ethniques.

Le tribalisme est devenu aujourd’hui une donnée incontournable dans la société congolaise. La classe politique a réussi à faire croire aux Congolais qu’il existait une différence entre les Congolais du nord et ceux du sud. Entre Bakongos, Mbochis et Tékés. Des partis politiques se créent et se forgent sur la seule croyance du fait ethnique, comme s’il suffisait de convaincre les ressortissants de sa région d’origine pour bien gouverner.

En adoptant la Charte des libertés et de l’unité nationale, la Conférence nationale avait pris en compte le danger de la déflagration ethnique. Malheureusement, les gouvernements qui se sont succédés n’ont mis en œuvre aucune véritable politique pour endiguer définitivement ce fléau.

Il est temps de s’attaquer au tribalisme pour conforter notre unité. C’est à ce prix que nous réussirons à rétablir la confiance, sans quoi, rien ne sera possible.

En août 2020, le grand historien congolais, Théophile Obenga également conseiller du Président Denis Sassou N’Guesso et directeur du projet Université de Kintelé, avait déclaré sur RFI, qu’ « au Congo, tant que le virus tribal n'est pas évacué, la paix n'est que factice».

Parlant de quelques ratés de l’indépendance du Congo le 15 août 1960, Théophile Obenga avait appuyé fort là où ça fait mal : « C’est très compliqué cette affaire d’indépendance, parce que le français qui commande n’a pas de tribu. Lui parti, le Congolais qui commande a le Trésor public à sa portée, il organise, il nomme, etc… Et du coup, comme nous sommes plusieurs ethnies, quand il y a le pouvoir, chaque fois on veut travailler plus avec les siens qu’avec les autres. Cela crée des crispations. C’est ça qui est un peu né dans l’indépendance. Quelques mois après, c’était la guerre civile pour ainsi dire. Cela a continué. Les guerres civiles ne sont pas motivées par les idéologies politiques. Les guerres civiles au Congo sont fondamentalement motivées par le tribalisme. C’est tout. »

Les médias congolais ont également un rôle important à jouer dans la conscientisation des populations en ce qui concerne le changement de mentalité sur cette question. La presse congolaise ferait mieux, en parlant d'unité nationale, de la mettre en œuvre, plutôt que d'essayer de diviser les congolais.

Edwige KISSINGER / Les Echos du Congo-Brazzaville