RDC – Musique : Le look déraillé de Koffi Olomide interroge à nouveau sur la santé mentale de l’artiste

Après sa chanson "Mama Eyenga", pour laquelle la critique n’a pas été tendre envers l’artiste, le nouveau look de Koffi Olomide interroge. Entre volonté de créer le buzz et dérèglement mental de l’homme, manifesté par ce qui paraît être un trouble du comportement qui se traduit par le vestimentaire, beaucoup ne savent plus où mettre le curseur. Et voilà que renaît l’idée bonne ou mauvaise, des bonnes ou mauvaises langues, celle de son internement au CNPP, le Centre Neuro-Psycho-Pathologique de Kinshasa.

Koffi Olomide chercherait-il à créer le buzz, lui qui est désormais bien présent sur les réseaux sociaux, où il a posé des actes éminemment « réfléchis », notamment avec sa dernière chanson ‘’Mama Eyenga’’, entièrement assumée ?

Lui qui il y a quelques temps s’était affiché avec des vêtements funéraires qui tranchent d’avec tous les codes vestimentaires classiques et même des tenues de scène, a récidivé avec un look qui sort carrément des clous de la raison mentale, pour un homme de son âge, fusse-t-il un artiste.

Et cela interroge, au point que beaucoup se demandent si traversé par les épreuves personnelles qui le rongent jusque dans son intimité familiale, Koffi Olomide n’aurait pas « pété un câble ».

Certes, l’habit ne fait pas le moine, mais c’est par l’habit que l’on reconnait le moine.

Ce dérèglement mental, s’il en est un, a du reste marqué la thématique musicale de Koffi Olomide qui a vulgarisé le vice à travers des chansons dont l’outrance morale renvoi à une véritable dérive et une perte du sens de l’humain.

« Pour connaître les mœurs d’un peuple, il faut écouter sa musique », disait Victor Hugo.

Désormais, tant dans sa création artistique, fruit de son moi intérieur, que dans son portrait distillé à travers ses « fringues » que par certains faits et gestes exécutés en public, autant d’indices qui peuvent paraître comme des détails d’une santé psychiatrique déclinante de Koffi Olomide, interrogent sur ce qui se passe véritablement dans sa tête.

Des détails sans doute. Mais, « quand un détail devient un symbole, peu importe qu’il soit infime », disait Gilbert Cesbron.

Koffi Olomide est peut-être en détresse et ne serait pas en phase avec toutes ses facultés.

Au regard des actes qu’il pose, il est peut-être temps pour ses proches, d’anticiper sur une éventuelle prise en charge médicale de l’artiste. Une espèce de check-up.

Après tout, il faut reconnaitre que des artistes de sa génération et même beaucoup de ceux venus après lui, Koffi Olomide est le seul à être resté au-devant de la scène.

Au long des ans, l’artiste à travaillé et s’est adapté aux mutations de son monde. Des performances XXL qui ont dû éprouver son corps et même la source de ses créations artistiques.

Il est un fait démontré que la folie irait parfois de pair avec l’imagination et la création artistique.

Des études ont prouvé que les écrivains et autres artistes avaient plus de probabilité que la moyenne, de connaître des troubles mentaux.

Comme toute surcharge de travail, la création artistique à outrance peut entraîner des tendances maniaques et dépressives, voire de la schizophrénie. C’est pourquoi tant d’écrivains et même de musiciens sont connus pour avoir souffert de problèmes mentaux, tel Tolstoï qui, dans Notes d’un fou, décrit très bien sa propre maladie, développée dans son enfance.

Antonin Artaud théoricien du théâtre, acteur, écrivain, essayiste, dessinateur et poète français, est mort dans un asile psychiatrique, tout comme le célèbre écrivain Guy de Maupassant, qui était en proie à de terribles hallucinations.

Alors et si Koffi Olomide était malade et ses faits et gestes sont des appels de détresse vis-à-vis de ceux qui l’aiment et qui peut-être ne parviennent pas à décoder son message. N’a-t-il pas clamé dans une de ses chansons, ces paroles empruntées à l'Ok-jazz : « moto a zali ko kufa, bango ba zali ko seke ».

Jamais l’illuminé ne se reconnait en dérangement mental. Seuls ceux qui l’assistent savent qu’il n’est plus le même.

CNPP ou pas, peut-être est-il encore temps de faire quelque chose pour Koffi Olomide, cet artiste qui a surement amorcé la phase du dépérissement, celle du déclin psychiatrique et moral.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville