Congo : Isidore Mvouba demande aux pouvoirs publics de s’attaquer vigoureusement au phénomène « Bébés noirs »

Le président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba a demandé aux pouvoirs publics de s’attaquer « de manière vigoureuse » au fléau qui perturbe la tranquillité des citoyens dans les grandes villes : les « Bébés noirs ».

Isidore Mvouba a fait cette demande lors de l’ouverture de la huitième session ordinaire de l’Assemblée nationale.

« Ces derniers temps, dans toutes ses interventions, le président de la République n’a eu de cesse de stigmatiser cette situation. N’oublions pas que petite étincelle a créé un grand feu. Il ne reste plus qu’à mettre à la disposition de la force publique des moyens adéquats pour qu’elle fasse le job », a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba.

En dehors des quartiers périphériques de Brazzaville où les actions des « bébés noirs », outre les vols et les viols s’accompagnent souvent de meurtres, surtout quand la victime les reconnait, le mode opératoire des bandes est presque partout le même.

Des actions éclairs menées par des groupes de 10 à 20 individus dirigés par des chefs de bandes, dans un déchainement de violence inouïe, aux moyens de machettes, couteaux, barres de fer ou bouteilles en partie cassées. Une action fulgurante et désarmante pour les victimes prises dans une espèce d’étreinte. Des groupes bien connus, avec de chefs de bandes identifiés dans la plupart des cas, écument aussi à Moungali et Ouenzé, notamment aux abords des ruisseaux Mfoa et Madoukoutiékélé.

Les « bébés noirs » sont imprévisibles et attaquent sans crier gare. Sous la menace, ils arrachent bijoux, téléphones portables, argent ou tout autre objet de valeur sensé les intéresser chez leur victime. De nombreuses personnes, surtout d’origine ouest-africaine se sont parfois faits arracher leur cyclomoteur « Djakarta ». L’action ne dure que quelques instants, avant que le chef de bande ne crie « toléka ! », autrement dit « on décampe ».

Ils passeraient allègrement pour des anges, si pour certains « bébés noirs », l’innocence de leur âge n’était pas trahie par ces cicatrices, marques de violence qu’ils portent souvent sur le corps telles des références identitaires. Leur âge, voire leur taille sont des appâts pour les incrédules sans méfiance devant ces enfants à l’allure apparemment inoffensive.

Une traque des « bébés noirs » par la police en journée, ne donnerait rien. Non pas qu’ils se terreraient dans leur repaire, loin s’en faut. Le jour, ils sont simplement chez eux. Souvent en échec scolaire, ils dorment le plus clair du temps, avant d’être des garçons de course pour leurs parents, leurs proches ou des voisins qui la plupart du temps, voient en eux des « enfants » sans histoire. Des anges. Pourtant, à la nuit tombée, ils deviennent des démons dont la puissance maléfique n’a d’égal que leurs actes abjects. Cette dualité comportementale a souvent desservi certains citoyens qui en situation de légitime défense avaient brutalisé des « jeunes du quartier ».

La situation des « bébés noirs » et le casse-tête juridique qui en découle pose à bien d’égards de nombreuses questions quant aux moyens d’endiguer ce phénomène social qui si l’on y prend garde, créera demain des bandits de grand chemin. Entre les parents incrédules ou démissionnaires et les services de l’Etat dépourvus de solutions de remplacement après les échecs scolaires, chacun refile à la police des « bébés » qu’elle ne peut non plus garder. D’où son empressement à les déférer à la justice qui elle non plus ne peut à défaut de les mettre en détention, les reformer, aux moyens d’une correction qui déboucherait sur une réinsertion.

Peut-être, devrait-on désormais se poser la question : ces jeunes sont-ils récupérables ou non récupérables ? Alors, la question ne concernerait plus uniquement le ministère de l’intérieur à travers la police, ni celui de la justice par le biais du juge, mais, outre le premier ministère de la société qui est la famille, ceux de la Jeunesse et de l’action sociale.

Un vaste chantier auquel il va devoir s’attaquer sans tarder, si nous ne voulons pas sacrifier une partie de notre avenir au présent.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville