STAD’AFRIC, pour plus de visibilité du sport africain

Porter le rayonnement du sport africain dans sa diversité et son originalité à travers une chaîne thématique qui lui est entièrement consacrée, une vision d’avenir et de devenir désormais incarnée par STAD’AFRIC.

De ses locaux de la « Cité du Paradis » dans le 10ème arrondissement de Paris, la chaîne diffuse ses programmes de la France vers l’international. Elle est disponible sur satellite en Afrique subsaharienne.

Pour son public de France, STAD’AFRIC est sur le câble et l’ADSL notamment sur le canal 574 du bouquet africain de l’opérateur Orange.

Son directeur général Junior REGNOU nous a ouvert les portes de son bureau.

LES ECHOS DU CONGO Brazzaville : Expérience enrichissante qui renvoie à l'existence même du sport qui est un élément fédérateur en Afrique, et c'est de l'Europe que vous en promouvez l'essor à travers STAD'AFRIC. Comment vous est venue l'idée ?

Junior RENGOU : Parlons avant tout de STAD'AFRIC sur le plan panafricain. C'est la première chaîne d'information des sports en Afrique. Je parle bien de l'Afrique dans sa globalité. Constatons que l'Afrique a eu la chance d'accueillir la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud et qu'elle est sortie par la plus petite porte. Regardons la débâcle des équipes africaines à la coupe du monde en 2014 au Brésil, au plan organisationnel. Que dire de toutes ces sommes d'argent qui ne sont pas reversées aux équipes à leur juste valeur ! Quand on regarde tout cela, hélas aucun média panafricain de fait une tribune pour dire stop et appeler à mieux s'organiser. On s'est rendu compte qu'après l'Afrique du Sud avec la débâcle des « Bleus », la France s'est organisée. Elle s'est retrouvée, le président de la fédération a été remercié et tout a été réorganisé de façon à mettre en place quelque chose de bien. Alors, on a constaté que les autres s'organisaient mieux et quand on vend à l'Afrique des compétitions comme la coupe de la francophonie ou la coupe du Commonwealth, cela crées comme un trop-plein en Afrique alors que sur le plan organisationnel, l'Afrique peut mieux s'en sortir avec ce dont elle dispose déjà. Ce qui nous a beaucoup choqué pour monter STAD'AFRIC c'est qu'on se disputait l'Afrique comme on le ferait pour un bout de pain, avec la coupe d'Afrique 2015. Quand le Qatar décide de dire « je peux organiser la coupe d'Afrique 2015 après le refus du Maroc parce que soi-disant il y a ébola, c'est une honte pour l'Afrique. Il faut à un moment donné que l'on se dise des vérités, c'est une grande honte pour l'Afrique. Ici, nous remercions la république équato-guinéenne et le président Obiang Nguéma pour avoir sauvée l'édition. Nous avons réfléchi à tout cela et nous avons décidé de créer un média fédérateur et prendre à bras-le-corps, la problématique du sport africain à travers l'apport médiatique.

L.E.D.C : Une entreprise osée ?

J.R : Arrêtons d'avoir peur et de nous dire c'est aux autres de commencer, surtout que ces « autres » demandent toujours à l'Afrique de prendre son destin en mains. C'est une arnaque intellectuelle. Aujourd'hui, nous avons envie de dire que nous avons déjà pris notre destin en main et on est devant.

L.E.D.C : On est jamais mieux servi que par soi-même semblez-vous dire, mais, il faut en avoir les moyens. Et là, c'est le nerf de cette guerre que vous entendez mener ?

J.R : Vous vous demandez comment avons-nous fait, au plan financier pour en arriver là. Autant dire que nous sommes d'abord une start-up. Depuis 7 ans, nous travaillons sur tout ce qui est communautaire en termes de régie-publicité. Nous communiquons beaucoup et nous achetons beaucoup pour le compte de l'état Français notamment les régies Carat et Matignon, des campagnes publicitaires pour des médias communautaires. Nous sommes partis de notre start-up pour demander à nos partenaires Carat et Havas, la possibilité de monter un média qui par ricochet est aussi un vecteur publicitaire. Ils nous y ont aidé parce qu'il fallait être un média fédérateur.

L.E.D.C : L’Afrique est vaste. La fédérer par une collecte de l'information sportive demande des moyens techniques conséquents, surtout quand il faut relayer cette information en Europe. Comment vous y prenez-vous ?

J.R : Nous avons développé sur le continent un certain nombre de correspondants. Nous avons la chance d'avoir aujourd'hui des caméras de type NAFT-T qui peuvent nous envoyer en temps et en heure des images. Il suffit d'y insérer une carte sim de téléphonie mobile et la communication est établie pour un transfert via internet du flux. Nous avons équipé nos correspondants de ce type de caméras. Sur le terrain, l'internet a facilité beaucoup de choses. Monter une télévision n'est de ce point de vue plus aussi onéreux que de par le passé. Pour monter la chaîne de télévision, il a fallu du courage et de la détermination. C'est une question de volonté. Sur internet vous avez beaucoup de web-tv qui fonctionnent très bien. La grosse dépense nous vient de l'espace que nous avons acquis sur le satellite pour alimenter l'Afrique. Nous y avons des câbleurs qui nous distribuent. Notre combat aujourd'hui, c'est d'être dans chaque foyer africain avec notre chaîne TV.

L.E.D.C : Vous avez vos studios à Paris ?

J.R : Nous sommes à Paris, dans le 10ème arrondissement. Nous y avons nos studios pour nos directs, enregistrements d'émissions et autres toke show. Paris c'est la capitale francophone où il est possible de croiser les sportifs venant ou allant d'un endroit à un autre du globe. Au départ nous pensions nous installer à Brazzaville. Nous avons finalement opté pour Paris.

Junior REGNOU Pdt de Stad'Afric

 L.E.D.C : À travers vos programmes les africains vont en quelque sorte se mirer ?

J.R : Des gens ont voulu vendre aux jeunes africains l'idée que le continent ne faisait plus rêver. Que pour émerger, il fallait partir ailleurs, notamment en occident. Nous voulons inviter les jeunes africains à comprendre que les fleurs du bonheur poussent peut-être devant leur porte. Il leur faut simplement se baisser pour les ramasser. Regardez le T.P Mazembé de la R.D. Congo. Un club africain qui rivalise d'avec les grands de la planète. C'est un challenge que des jeunes africains peuvent relever et réussir. Et, permettez-moi de saluer et de remercier le président Moïse Katumbi pour sa vision sur le football africain. De la même façon que dans notre jeunesse, des équipes comme Canon de Yaoundé, La Jeanne d'Arc de Dakar, le Cara du Congo ou le Zamalek faisaient rêver, le T.P Mazembé est porteur de rêve. Le sport africain, c'est aussi une diversité de disciplines souvent originales et méconnus hors du continent. Nous voulons ainsi encourager des disciplines tel le « nzango » ou la lutte traditionnelle au Sénégal. Notre devoir c'est d'amener les jeunes africains à faire carrière en Afrique en toute dignité.

L.ED.C : Vous arrivez sur un marché où vos prédécesseurs ont des dents longues ?

J.R : Le marché est très achalandé, c'est le cas de le dire, et la concurrence est rude. Pour certaines compétitions, les droits sont souvent hors de prix pour une jeune structure comme la nôtre. Nous allons nous inscrire sur un angle purement panafricain pour relayer certains sports dont les droits sont réservés. Des chaînes africaines nous céderont leur signal. Pour les sports méconnus ailleurs, espèces de parents pauvres, nous leur donnons de la visibilité.

L.E.D.C : On peut s'y prendre à rêver ?

J.R : Un rêve engageant. Celui qui se porte et devient une force d'entraînement. Et cela est affaire de tous. Que les responsables politiques africains offrent aux sportifs du continent les possibilités d'exceller dans leurs disciplines afin que le sport nourrisse son homme. Il y a certes des sportifs expatriés qui reviennent investir en Afrique comme Samuel Etoo, Didier Drogba ou autres Yaya Touré cela devrait aussi être possible en restant sur le continent.

L.E.D.C : En définitive, quel est votre horizon ?

J.R : Nous sommes le premier média du sport en Afrique. Nous nous donnons au moins 5 ans pour asseoir une véritable dynamique sur le continent. Nous allons associer tous les africains d'où qu'ils viennent. Notre horizon c'est de démontrer qu'il est possible de faire les choses sans pour autant courir après les autres. Nous avons osé et nous croisons les doigts par le travail bien-sûr.

Propos recueillis par Benoît BIKINDOU et Jarele SIKA