Le Congo se dé-mondialiserait-il ?

La situation devient invivable et elle exaspère plus d'un. Le Congo reste coupé du reste du monde. En somme, le pays s'est dé-mondialisé. Mais, quelle conséquence à cela ?

Les opérations de collecte des résultats de la présidentielle du 20 mars sont achevées depuis dimanche dans tous les bureaux de vote, même les plus reculés de la République.

Alors qu'on leur avait annoncé deux jours de black-out, au plan des télécommunications, les congolais restent coupés de l'extérieur comme de l'intérieur, avec des échanges réduits aux déplacements physiques.

Même si, comme de coutume, personne ne se donnera de la peine pour évaluer l'impact statistique de cette mesure sur le quotidien des congolais, il va s'en dire que de nombreuses sociétés tiennent déjà la calculette pour afficher le manque à gagner.

Les premières touchées sont sans conteste les sociétés de transfert de fonds et les banques. Qu'elles soient nationales ou internationales. L'essentiel des activités des sociétés de transfert de fonds passe par le téléphone ou internet. Ici, l'absence de trésorerie est manifeste, tant l'activité est à l'arrêt.

Si la journée de dimanche, jour de vote aura été sans conséquence pour ces sociétés, l'absence d'opérations comptables pour lundi et mardi s'évaluera en millions de pertes sèches.

Les banques non plus se sont vu leurs activités à l'international presque éteintes, à défaut de disposer de leurs propres canaux de communication à l'instar des sociétés pétrolières qui n'accusent pas tellement le coup.

Les sociétés de transit, de courtages et autres accessoiristes de la place qui travaillent à l'import prendront du retard dans les commandes et avec ce retard, le manque à gagner qui s'y rapporte.

La dimension humaine et sociale de la mesure peut aussi être catastrophique, même si là encore, aucune statistique ne sera disponible.

Combien de malades sans soins, par manque d'argent n'ayant pu être acheminé à temps, perdront-ils la vie ?

Combien d'obsèques se verront-elles ajournées du fait de la non réception dans les délais de l'argent envoyé par des parents du pays ou de l'étranger, devant servir à les organiser ?

Il va s'en dire que cela induit un allongement de de la durée de la veillée. Pour les personnes dormant à la dure, la maladie contractée passera par pertes et profits. Mais, de qui ?

Les vendeurs de cartes téléphoniques se tournent les pouces.

Que dire de ces rendez-vous annulés, faute de ne pouvoir joindre le correspondant.

Il y a bien d'autres secteurs pour lesquels le black-out congolais devient insupportable, sans compter que l'angoisse monte eu égard à toutes les rumeurs qui affolent de ci de là et ne pas pouvoir communiquer avec les siens est encore plus angoissant.

Combien d'infarctus alors ? Personne non plus n'en tiendra de statistiques...

Entre-temps, on attend, comme lors des coupures d’électricité, le ''retour'' du courant. Ceux qui n'y font pas attention le sauront quant à l'unisson, presque toute la ville s'écriera : ''c'est revenu !''

Bertrand BOUKAKA