Brazzaville : la pluie, facteur d’angoisse dans les quartiers périphériques

Le mois de mars est celui dit de « la grande saison des pluies » dans le calendrier des saisons au Congo Brazzaville. Dans la capitale, les épisodes pluvieux sont source d’angoisse surtout pour les populations des quartiers périphériques qui craignent pour leur bâti.

Urbanisation sauvage ou quête d’espace vital, Il est de notoriété publique qu’au Congo, les villes s’étendent désormais à l’infini, sans que les commodités urbanistiques ne les accompagnent dans la plupart des cas.

À Brazzaville, la capitale a débordé de ses limites naguère définies par le pont du Djoué, la dorsale fluviale jusqu’ à Yoro, la zone maraichères de ‘’Kronenbourg’’, le pont de la Tsiémé ou le contre-rail de Maya-Maya.

C’était encore Brazzaville des années 1975. Mfilou était district de Ngamaba. Madibou répondait du district de Kinkala. Mikalou ou Massengo du PCA du PK Rouge.

Cette expansion urbanistique de la ville a entrainé une déforestation à outrance même en des endroits où la topographie ne sied guère au peuplement. Sur les collines et leurs versants ont poussé des habitations qui rapidement ont généré des problèmes d’érosion, dus pour leur plus grande part à l’élimination de la végétation qui fixe les sols.

Ajoutons-y l'absence des systèmes de drainage des eaux pluviales, du fait d’une urbanisation non adaptée et là où il y en a, les canalisations ne sont pas toujours curées à temps.

Les eaux qui se déversent en torrents charrient des tonnes de sable et de boue, forment des ravines puis des crevasses qui s’élargissent et s’approfondissent avant d’engloutir tout ce qui se trouve sur leur passage.

À Brazzaville et dans la périphérie de la ville, l’érosion est un phénomène qui a des conséquences redoutables : destruction des habitations, dégradation des infrastructures publiques, telles les écoles ou les routes.

Chaque pluie, surtout quand elle survient la nuit, plonge les familles dans la peur. Parfois, des maisons sont emportées avec leurs occupants. Ceux qui arrivent à s’enfuir avant la catastrophe perdent presque tout leur patrimoine.

Dans certaines zones, la Délégation Générale aux Grands Travaux a entrepris des travaux de soutènement et de drainage afin d’endiguer les effets de l’érosion. Une certaine opinion argue que ces travaux visent uniquement à protéger les maisons des nantis.

Dans d’autres quartiers parfois dits de seconde zone, où nulle autorité n’habite, les populations se débrouillent contre les érosions par des moyens de bord. Qu’importe si les matériaux utilisés auront à terme des conséquences sur l’environnement. C’est le résultat immédiat qui compte, tant que celui-ci peut garantir la stabilité des sols et la quiétude des ses occupants.

Ici, on attendra vainement l’intervention de l’Etat ou des autorités municipales, à moins qu’une catastrophe de grande ampleur n’endeuille de nombreuses familles. La compassion de circonstance sonnera alors le temps des solutions qui très vite se perdra dans l’écho des discours.

Benoît BIKINDOU