Brazzaville : destruction programmée du pont du ''centenaire''

La date n'est pas encore connue, pourtant l'action est imminente. La destruction du pont dit du centenaire est quasiment actée par la mairie de Brazzaville.

Le 3 octobre 1980, à l'occasion des commémorations du centenaire de la ville de Brazzaville, c'est en grande pompe que le président Denis Sassou Nguesso inaugurait le pont du centenaire, fruit de la coopération franco-congolaise.

Cet ouvrage dessinait une nouveauté dans le réseau routier urbain avec la jonction de l'avenue des 3 martyrs et le boulevard des armées devenu depuis ''Alfred Raoul''.

Outre le confort qu'il offrait aux usagers de la route et des piétons s'évitant désormais un détour par ''Majoka'', ou une traversée dangereuses du chemin de fer, surtout lors des rencontres sportives qui déversaient du ''Stade de la Révolution'' le flot de supporteurs enthousiastes, le pont du centenaire devint une véritable attraction pour les brazzavillois.

Le panorama de l'ouvrage surplombant le quartier du ''plateau des 15 ans'' ainsi que le jardin qui le jouxtait finissait par donner au décor des allures paradisiaques. Une beauté qui s'illuminait des milles feux lorsque le soir venu, les lampadaires baignaient de leur clarté un ouvrage resplendissant.

Le pont du centenaire devint le lieu de rendez-vous des jeunes amoureux qui y flânaient le soir, se partageant l'espace avec les élèves ou étudiants qui y trouvaient un excellent cadre d'étude ou de révision.

Le monument ''historique'' fut aussitôt chargé d'histoire et les différents maires de la ville de Brazzaville de l'époque veillèrent à le maintenir dans un état de propreté au cœur de ''Brazza-la-verte''.

L'édification du pont du centenaire se fit en ces temps où le boulevard des armées abritait les grandes manifestations, notamment les défilés du 15 août ou du 1er mai placés sous la présidence du chef de l'état. Le périmètre du défilé était alors d'une propreté irréprochable et les services des voiries municipales veillaient à ce qu'il en fut ainsi. Le pont du centenaire profitait alors de sa superbe, surtout que le président y arrivait quasiment pour la revue des troupes motorisées. Le président n’y passe plus, à quoi bon s’y investir ?

C’est bien loin tout cela. Le temps où, avec de budgets modestes, la ville de Brazzaville assurait le confort environnemental de ses habitants. Le temps où les services municipaux entretenaient et restauraient les jardins, sites et monuments historiques afin que la ville racontât son histoire aux rares touristes de passage dans la capitale du Congo.

C'est bien loin tout cela car désormais, le pont du centenaire se meurt. La mairie de Brazzaville en a presque acté la destruction, en le retirant du nombre des ouvrages à entretenir.

Faute de fauchage des arbustes qui envahissent l’accotement depuis des années, ce sont des arbres qui poussent désormais sur les parois, décollant les pierres qui servent de couverture à la terre qui stabilise la structure. C’est à se demander s’il ya encore un maire dans la ville, à moins que son conseil municipal n’ait acté la destruction du pont, ce qui semble en être le cas, car les services municipaux laissent mourir le pont.

L'effet érosif des eaux de pluie viendra bientôt à bout de cette armature avant de commencer l’œuvre de destruction du pont.

Naguère lieu attractif, le pont du centenaire fait désormais peur aux passants. Détraqués mentaux et autres drogués y ont élu domicile au point d'y créer une insécurité manifeste.

La verdure sauvage qui s'y est installée de façon pérenne a attiré des prostitués qui y besognent accoudées à même les parois du pont en tout instant de la journée.

Combien de temps tiendra t-il encore avant sa destruction, ce pauvre pont du centenaire qui il y a peu, chantait la beauté de Brazzaville, ville centenaire. Pourvu que la ville de Brazzaville et ses autorités en déprogramment la destruction. Cela passe par l'assainissement et la réhabilitation de l'ouvrage. Une question de bon sens et de volonté, avant de la quantifier financièrement.

Benoît BIKINDOU