L'État tue-t-il les ex travailleurs de l'ex ONPT à petit feu ?

Ex ONPT, place de la Grande Poste de Brazzaville. L'ambiance est troublée à des centaines de mètres à la ronde par un concert fait de bruits hétéroclites produits par des instruments de fortune, faits de bric et de broc.

Ces ex agents de l'ex ONPT ou ce qu'il en reste, campent là depuis des mois déjà. Les passants s’arrêtent, s'avisent avant de repartir en remuant la tête. Ils ont lu sur les tableaux dressés en forme de présentoirs l'objet du concert de ces hommes et femmes qui, les oreilles à peine protégées par du coton, tapent comme des sourds du matin au soir. Leur concert crie la révolte contre l'indifférence face à leurs revendications pourtant claires.

Gilbert EDOLI, président du comité de suivi explique :

                                                                            Gilbert EDOLI président du comité de suivi

Ce sit-in est motivé par deux revendications principales. La première est relative à la ''Télé-mutuelle''. De l'argent qui jadis était prélevé à la source à tous les travailleurs de l'ONPT. 3500 F CFA par mois pour chaque travailleur depuis août 1988 jusqu'en fin 2003. Cela fait une ristourne de 1.000.50.000 F CFA pour chaque cotisant.

Le montant validé en conseil des ministres le 10 juillet 2010 n'a jamais été rétrocédé aux ex travailleurs. Le document porte la signature de Gilbert ONDONGO, Ministre du Travail à l'époque.

La deuxième revendication concerne la pension des ex travailleurs de l'ex ONPT payable à la CNSS.

Les ex travailleurs de l'ex ONPT ont régulièrement cotisé pour leur retraite. Cependant, l'État n'a jamais honoré ses cotisations et doit à hauteur de 7.616.009.504 F CFA à la CNSS. Cela bloque le versement des pensions, une situation qui paupérise davantage les ex travailleurs de l'ONPT.

Sensible à cette situation de détresse, la CNSS a assouplit ses conditions et exigé de l'État le versement de la somme 353.000.000 de F CFA au lieu des 7 milliards 616 millions initiaux afin de débloquer les pensions. Hélas, à ce jour, l'État n'a versé que 50.000.000 de F CFA en juillet 2015. Face à cette méprise, la CNSS refuse de prendre en compte le payement des pensions pour les 800 travailleurs.

Un autre point qu'il convient de noter, c'est celui du traitement de certains pensionnés dont le litige est porté devant les tribunaux. Le montant versé au titre du plan social ne reflète pas celui des payements actés. Ce scandale est dénoncé par les ex agents de l'ex ONPT.

Entre-temps, le concert des ex agents de l'ONPT troue l'air d'une musique de désespoir. Leurs revendications seront-elles un jour entendues par le gouvernement, ou à défaut le président de la république lui-même. D'ici là, ceux qui se disent « maltraités » plutôt que retraités taperont sur leur instruments de fortune jusqu'à ce que solution ou mort s'en suive.

Benoit BIKINDOU