Congo – Santé : Clément Mouamba au CHU de Brazzaville, en inspection de « chantier abandonné »

Un mois après la survenue de la situation de dépérissement que vit le Centre hospitalier universitaire de Brazzaville, le premier ministre Clément Mouamba y a effectué une visite d'inspection impromptue. Tel un médecin après la mort, le constat qu'il en dégage est tristement désolant.

Devant quelques rares médecins et autres agents exhibant le ventre en signe de famine, référence aux quatre mois d'arriérés de salaires qu'ils traînent, le premier ministre congolais a effectué mardi une visite au CHU, en compagnie de la ministre de la santé, Jacqueline Lydia Mikolo.

Pas un service n'a été épargné, aucun étage n'a été omis dans cette visite qui s'est voulue exhaustive, sur la situation réelle qui se vit au CHU de Brazzaville.

20 malades hospitalisés, alors qu'en temps normal, le taux de remplissage avoisine le millier de malades, sans compter ceux reçus en hôpital du jour ou en ambulatoire.

Des couloirs vides de toutes fréquentation, des laboratoires et autres structures comme la pharmacie dépourvus de l’essentiel, un constat d'hôpital fermé, un chantier abandonné.

Après sa ronde, Clément Mouamba a écouté les syndicalistes qui lui ont réitéré leurs doléances. Le payement des arriérés de salaires, l'amélioration des conditions de travail et la prise en compte de la dette sociale. Le premier ministre les a invité à un contrat basé sur la confiance mutuelle.

La mort dans l'âme, Clément Mouamba a accepté l'évidence, tel un médecin après la mort, sans faire aucune promesse, mais en conviant œuvrer à tout faire pour que la situation redevienne tant soit peu normale.

« Je suis venu au CHU de façon impromptue, compte tenu du caractère crucial de la situation qui s'y vit.

Il m'est revenu qu'après que les services aient plus ou moins pu reprendre il y a quelques jours, depuis une semaine, il y a encore comme une forme de dépérissement. Il y a un service minimum extrêmement restreint qui ne couvre pas tous les services et je m'en suis indigné. Je suis donc venu aujourd'hui, constater cela, que le CHU est quasiment à l'arrêt.

J'ai pu trouver avec bonheur quelques médecins qui hélas ne couvrent pas tous les services, j'ai pu aussi trouver les syndicats. Il m'ont à nouveau exprimé ce que je savais à l'avance. Nous avons pris bonne note et ces problèmes sont sérieux. Les engagements du gouvernement ne sont quelques fois pas tenus, et ce n'est pas parce qu'il y aurait une mauvaise compréhension du caractère crucial et grave des problèmes qui se posent ici.

 À travers le CHU qui est au sommet de l'armature sanitaire de notre pays, il est totalement inacceptable que nous ayons un CHU fermé.

Quant aux syndicalistes, ils nous ont dit ce qu'ils ont toujours dit. Ils demandent simplement que l'on paye leur salaire. C'est le langage normal d'un syndicaliste. Ils ont des arriérés, et il est normal que l'on puisse y faire face. Ils ont eu la réponse, mais je ne suis pas venu pour faire des promesses et je n'en prendrai aucune. Cependant, nous allons tout faire, pour prendre toutes les dispositions pour que le CHU fonctionne à nouveau et c'est cela qui est fondamental. Il n'est pas possible d'avoir le premier hôpital du pays totalement fermé, quand bien-même, nous avons des difficultés sur le plan salarial. Nous devons trouver des solutions pour que la confiance revienne. »

Signalons que pour les travailleurs du CHU, la reprise effective du service est conditionnée au payement d'un deuxième mois de salaire, en sus du mois échu.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville