Congo : Harcèlement sexiste sur le lieu de travail ?

De nos jours, dans certaines administrations ou entreprises, plusieurs femmes congolaises se plaignent d’être des cibles voire des proies de quelques employeurs véreux ou potentiels employeurs. Ceux-ci usent et abusent de leur pouvoir décisionnaire auprès de ces cibles vulnérables que sont les personnes à la recherche d’un travail ou candidat en quête d’un premier emploi.

Il est difficile pour une femme d’évoluer dans le milieu professionnel sans être la cible des « grands prédateurs » ! Et pour cause, elle est souvent harcelée. La «promotion canapé » consistant, pour les femmes, à obtenir un avancement par le truchement de pratiques sexuelles, s’est instaurée dans certaines administrations ou entreprises comme une pratique incontournable. Un véritable mal sournois qui ronge la société congolaise. Il tord le bras au mérite, installe le copinage et tue l’administration.

Motus et bouches cousues, tel est le mot d’ordre. Si la candidate est jugée « sexuellement active et satisfaisante », la victime est gratifiée d’un avancement professionnel. C’est dire que ça passe ou ça casse. Encore que rien ne garantit à celles qui cèdent au harcèlement, qu’elles obtiendront des promotions après avoir soulagé la libido du patron. Dans ce domaine, le service après-vente est purement hypothétique.

En la matière, aucune catégorie socioprofessionnelle, de la technicienne de surface au cadre supérieur, n’échappe à l’appétit sexuel de certains chefs, conscients de leur pouvoir. « La promotion canapé » étant une pratique courante dans les administrations et certaines sociétés privées voir même dans les grandes écoles du pays (Université, Instituts…).

Avec la montée vertigineuse du chômage et la précarité de certains emplois, les jeunes femmes, surtout celles issues des milieux défavorisés, constituent des cibles idéales. Leurs pesantes responsabilités sont à n’en point douter un dilemme : céder ou ne pas ceder ? Bien souvent l’ardant désir de meilleures conditions d’existence devient le facteur déclenchant. Du coup, elles n’ont d’autre choix que de se résigner à céder à la demande du « prédateur ».

Comment cracher sur la main qui peut vous donner à manger et ce, en dépit du bagage intellectuel, clament certaines pour avoir bonne conscience. Au diable les principes ! Ne dit-on pas que : « ventre affamé n’a point d’oreilles ».

S’il est vrai que le harcèlement en milieu professionnel, scolaire et universitaire est réel au Congo comme dans certains pays du continent, d’autres femmes se comportent par ailleurs en prédatrices.

D’ailleurs, elles sont réputées pour être des « AS » de la promotion canapé, et ce, sans être victimes. Leur accoutrement et comportement pousse le Chef à tomber dans le piège. Objectif : attirer, séduire et mettre le patron sous leurs bottes.

La fameuse devise de l’Union Révolutionnaire des Femmes du Congo (URFC) « seule la lutte libère » au lieu de servir de motivation, a été tout simplement transformée en « seule la cuisse libère ». Dans certaines administrations comme à l’université, l’expression est à la mode et fait recette. Au finish, c’est finalement la méritocratie qui cède sa place à la médiocratie.

Les relations extra-professionnelles ne sont pas exclues vue que l’entreprise est composée d’hommes et femmes. « Le mouton broute là où il est attaché », disent-ils comme pour se justifier de quelques faiblesses physiologiques. Et si la compétence demeurait le seul et unique moyen de récompense ?

La lutte contre ces pratiques avilissantes pour nos administrations, nos entreprises, pourquoi pas notre société est affaire de tous. Céder ou ne pas le dénoncer c’est s’embarquer dans un engrenage sordide dont il est difficilement extirpable.

Aurélie ISS