Congo – Gouvernement : Le limogeage de la DG du CHU par la ministre, pose un problème de cohérence administrative

La crise qui couvait au Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville a fini par connaître son épilogue avec le limogeage de la directrice générale Gisèle Marie Gabrielle Ambiero et son remplacement par Jérémie Mouyokani, jusque-là conseiller technique au ministère de la Santé et de la population. Les deux notes signées de la ministre Jacqueline Lydia Mikolo posent le problème de cohérence administrative, voire de discipline gouvernementale qui ne serait pas la même pour tous les ministres.

 Pour faire passer l'incongruité, la relève est maquillée en suspension

Depuis que Gisèle Marie Gabrielle Ambiéro avait levé le lièvre en dénonçant l'absence de crédits de fonctionnement pour l'hôpital dont elle avait la charge, tout se liguait contre elle. Dire que les « groupes mafieux » qu'elle dénonçait, ont fini par avoir sa peau.

Méli-mélo administratif. L'intérimaire remplace la titulaire "suspendue", appelée à d'autres fonctions

Achat d’encarts dans les journaux de la place de Brazzaville pour diffuser largement, en plus des médias audiovisuels, les conclusions de l'audit sur les dysfonctionnements notés dans la gestion du Centre hospitalier universitaire de Brazzaville, autant dire que dans cette guerre déclarée, la ministre Jacqueline Lydia Mikolo préparait le limogeage de Gisèle Marie Gabrielle Ambiéro, c'est désormais chose faite.

À moins que l'application des textes gouvernementaux n’obéissent au principe d'exception « deux poids deux mesures », il faudra en toute logique s'attendre à un recadrage de la ministre de la Santé par le premier ministre, qui même s'il est en campagne électorale, n'est pas déconnecté des affaires du pays.

Il y a quelques semaines, le premier ministre Clément Mouamba avait rapporté deux notes de service prises par le ministre des Postes et Télécommunications, portant sur l'éviction du directeur général de l'ARPCE, et son remplacement par un intérimaire, en attendant d'être entériné en conseil des ministres.

Le premier ministre avait dans son bon droit, rappelé au ministre concerné, les principes réglementaires de nominations aux hautes fonctions administratives et militaires, qui sont du ressors exclusif du président de la république ou du premier ministre, même pour les intérims.

Jacqueline Lydia Mikolo se trouve confrontée au même cas de figure, qui même si elle s'est concertée avec les syndicalistes, ne saurait porter entorse aux règles établies.

Changer la direction du CHU reste une évidence souhaitée de tous. Que l'initiative de Gisèle Marie Gabrielle Ambièro d'étaler sur la place publique ses démêlées avec la tutelle lui coûte une sanction, reste un fait, mais être éconduite de la sorte, en prenant à témoin les syndicalistes, et qui plus est hors du cadre légal, apparaît comme un lynchage qui laisse interrogateur.

Alors, en quoi les notes administratives prises par Jacqueline Lydia Mikolo ont-elles force d'application par rapport à celles prises en son temps par le ministre Ibombo, déclarées nulles et de nul effet par le premier ministre.

À moins que les personnes concernées par les différentes notes de services, portant relève des titulaires et nomination des intérimaires ne soient pas logées à la même enseigne, -osons le mot-, relationnelle.

Monsieur le premier ministre, le Congo vous regarde, à vous de rétablir l'équité et la discipline gouvernementale, la même pour tous les ministres, avec les mêmes conclusions pour les faits se rapportant aux mêmes principes.

C'est aussi cela, la RUPTURE. À moins que...

Bertrand BOUKAKA