Congo – Santé : Le CHU de Brazzaville victime de la « guerre des clans »

Depuis que Gisèle Marie Gabrielle Ambiéro a levé le lièvre en dénonçant l'absence de crédits de fonctionnement pour l'hôpital dont elle a la charge, tout se ligue désormais contre elle. Dire que les « groupes mafieux » qu'elle dénonce, ont juré d'avoir sa peau. Entre-temps, les malades meurent...

Achat d’encarts dans les journaux de la place de Brazzaville pour diffuser largement, en plus des médias audiovisuels, les conclusions de l'audit sur les dysfonctionnements notés dans la gestion du Centre hospitalier universitaire de Brazzaville, autant dire qu'entre la ministre Jacqueline Lydia Mikolo et Gisèle Marie Gabrielle Ambiéro, c'est désormais « affaire de femmes ». Et la guerre est déclarée.

En réponse à l'absence de crédits ne permettant pas le maintient en état de fonctionnement des équipements pour une prise en charge efficiente des malades évoquée par la direction du CHU, le ministère de la Santé a plutôt initié en urgence un audit qui a mis en lumière une mauvaise gestion tant financière qu'administrative du CHU, avec pour principal goulot d'étranglement, la concentration des pouvoirs dans les mains de la directrice générale.

Dire que tout repose sur le degré d’incompétence des unes ou des autres. Et dans cette « guerre des chignons », on semble passer à coté des vrais problèmes, pour y apporter des vraies solutions.

Alors que Jacqueline Lydia Mikolo avait suspendu avec fracas, cinq directeurs généraux soupçonnés d'avoir mouillé dans des détournements d'argent, pour disait-elle, « rompre d'avec les anciennes pratiques mises à l'index par le président de la république », en ce qui est de la direction du CHU, elle ne semble pas disposer de toutes les marges de manœuvres.

Si l'audit initié par elle et dont les conclusions auraient mis en évidence l'amateurisme dans la gestion du CHU, au point que commentant lesdites conclusions, son directeur de cabinet, parlant de la directrice du CHU, a osé le jugement de valeur, lançant que l'audit avait « révélé une absence de maîtrise des circuits de la recette et de la dépense, traduisant une méconnaissance des principes élémentaires de la gouvernance hospitalière », pourquoi alors, garder à la tête du CHU une personne dont « l’incompétence prouvée » se traduit par des centaines de morts ?

Tout l'audit est à charge contre Gisèle Marie Gabrielle Ambièro, au point de se dire qu'elle n'est pas apte à diriger même un centre de santé primaire de campagne. Tant les conclusions de l'audit qui frisent l'insulte à sa personne, la rendent ignorante en tout et pour tout. Ça semble tout de même assez grossier.

Dans la matière, pareilles conclusions auraient appelé à une contre-expertise. Ce n'est nullement le cas. C'est plutôt l'honneur d'une femme qui a osé dire les choses et surtout les nommer, qui est jeté en pâture.

Qui donc est responsable de tous les morts générés par les prétendus dysfonctionnements mis en lumière par l'audit ? Est-ce l'incompétente, « méconnaissant les principes élémentaires de la gouvernance hospitalière », ou celle qui la maintient en place, sachant pertinemment que sa méconnaissance cause des dégâts irréversibles.

Non! On serait tenté de dire avec madame Ambiéro que des réseaux mafieux existent bien. Car, si tant est-il que la gabegie est telle que, tout est à l'arrêt, qu'attend t-on pour sévir et « mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut » ?

Pendant que l'on se crêpe les chignons au lieu de trouver des solutions, les malades pris en otage trépassent en grand nombre, et ce sont les pompes funèbres municipales qui se frottent les mains.

Bertrand BOUKAKA