Congo – Circulation routière : Encore un accident mortel dans le Mayombe

Un mort et cinq blessés dans un état grave, tel est le bilan d'un accident de circulation survenu samedi dans le Mayombe. Une fois de plus, le comportement des conducteurs est mis en cause.

Un amas de tôles froissés, la cabine du véhicule détachée de sa remorque est couchée sur la bas coté.

La violence du choc a éventré le container et éparpillé les colis des passagers montés dans ce véhicule inapproprié.

Sur cette pente raide débouchant sur des virages obtus qui côtoient des ravins de part en part, le conducteur sentant son véhicule lui échapper n'a pas trouvé d'autre solution que de le coincer contre le talus, coté passager.

Le choc a été rude et les dégâts colossaux. Un mort et des blessés. Le conducteur qui s'en est sorti indemne a pris la poudre d’escampette, sans même porter assistance à ses compagnons d'infortune.

La femme décédée serait partie de Bouansa.

 Elle et ses amies commerçantes avaient saisi l'aubaine qu'offrait ce véhicule remorque au container repartant vide sur Pointe-Noire, pour y entasser leurs marchandises et rallier ainsi la ville océane pour la vente. Tous s'étaient ensuite entassées dans la double cabine, aux cotés du chauffeur. Entre discussions osées, de tout et de rien et velléité du chauffeur de prouver à ses « campagnes » son habilité au volant, le voyage s'est achevé dans le décor. Les quelques bouteilles « heurtées » à Bouansa en compagnie de ses compagnons de voyage y sont sans doute pour quelque chose.

Depuis l'ouverture de la route dite lourde, Brazzaville - Pointe-Noire, il ne se passe pas une semaine sans que ne soit enregistré un accident, surtout dans le Mayombe.

Si dans cette zone, la configuration du relief prédispose la route à des risques d'éventuels accidents, le comportement des usagers au volant, en aggrave les probabilités.

Il est d'usage pour les conducteurs des véhicules desservant les routes de campagne, de s'attabler au « Nganda » de la gare routière, avant le départ. L'attente du remplissage du véhicule se fait autour d'une bouteille ou plusieurs bouteilles d'alcool. C'est pour dit-on être en forme sur la route.

Le phénomène est encore plus criard chez les conducteurs de véhicules poids lourds où le « lourd » du véhicule serait proportionnel au « fort » de l'alcool consommé. Et les conséquences sont vite arrivées.

D'autre part, même si le contrôle technique a été rendu obligatoire au Congo, ils sont encore nombreux à s'en détourner, parfois à travers un circuit de corruption qui met à jour les contre-visites, au moyen des vignettes trafiquées.

Par méconnaissance, de nombreux usagers doutent même du fait que le contrôle technique automobile permet de déterminer l’état des organes principaux de sécurité du véhicule susceptibles de provoquer des accidents de la circulation.

Quant aux contrôles routiers de police, fortement concentrés en ville, ils sont moins étendus sur les routes départementales où les chauffeurs se croient tout permis.

Les agents de la circulation n'ont souvent d'yeux que pour la surcharge ou le dossier du véhicule, plus « rentable », plutôt que l'état du véhicule, encore moins celui du chauffeur. Rarement un véhicule est immobilisé pour ces motifs.

Bertrand BOUKAKA