Congo – Services publics: SNE et SNDE, deux entreprises unies dans la mise en danger d'autrui ?

La Société Nationale d'Électricité et le Société Nationale de Distribution d'Eau sont deux entreprises sur lesquelles repose en grande partie le quotidien des congolais, surtout dans les grands centres pourvus en réseaux d'eau et d'électricité. Pour de nombreux congolais, ces sociétés sont également à l'origine de nombreux désagréments mettant parfois en danger la vie humaine.

Brazzaville, arrondissement 5 Ouenzé. Une mère de famille vient de décéder après avoir mis les pieds dans l'eau qui innonde sa concession, suite à la pluie qui s’abat sur la ville.

La cause du décès est là, visible et s'offre à tous comme une arme du crime car la mère de famille a succombé à une électrocution causée par des fils décrochés du poteau par un camion depuis plusieurs semaines déjà.

Les fils qui traînaient par terre au vu et au su de tous étaient restés sous tension, malgré les démarches répétées du chef de quartier et autres habitants, auprès des services compétents de la société d'électricité, pour remédier à cette situation qui mettait en danger la vie des populations.

Des drames de ce genre sont légion à travers les villes congolaises. Ils se terminent parfois dans l'indifférence des autorités des services concernés.

Pas d'enquête, même si la police arrive sur les lieux du « crime », en compagnie des responsables de la SNE. Les notes prises par les policiers resteront sans suite. Personne ne sera condamné, même pour la forme, car aucun procès n'aura lieu.

La famille enterre son mort, coupable du « décès par imprudence », et la vie continue.

Même dans ses prestations de services, dans de nombreuses villes, les clients de la SNE ont l'impression de se faire rouler sur la qualité du produit dont ils payent les prestations.

Rarement, la fourniture d’électricité obéit à une constance qui assure le bon fonctionnement des appareils électroménagers. Depuis, sont apparues dans toutes les maisons, des stabilisateurs de tension, pour se prémunir des charges intempestives d'un courant parfois mal calibré, acheminé par des cables de diverses sections qui s'echevêtrent en toile d'araignée, au point qu'ils sont souvent cause d'incendie.

Climatiseurs, réfrigérateurs ou autres congélateurs, très sensibles, ont désormais une durée de vie plus courte que celle de l'obsolescence programmée par le constructeur. Les téléphones portables perdent régulièrement leurs batteries rendus hors d'usage du fait de la qualité du courant.

Que dire des coupures et autres délestages qui décongèlent et recongèlent autant de fois les vivres en réserve mis au frais, coupant la chaîne du froid, avec des incidences sur la santé des consommateurs qui pour des raisons économiques, ne peuvent jeter l'essentiel de leurs victuailles à la poubelle.

Pourtant, le mois fini, ils auront leur facture d’électricité dont il faudra s'acquitter dans les délais.

À coté de la SNE, sa sœur homonyme, la SNDE, s'illustre également par les mêmes travers, de par la qualité des services rendus, et du produit mis à disposition des populations.

Quand les robinets ne sont pas des monuments d'ornement dans les parcelles, du fait de l'irrégularité de la fourniture d'eau, le liquide qui en sort est tel un filet qu'il faut parfois veiller une nuit entière pour en recueillir la quantité indispensable à ses besoins. C'est après que l'on en examine la qualité.

Dans presque toutes les villes du Congo, l'eau fournie par le réseau de distribution de la SNDE, passe presque pour être un poison en vente libre et à la portée de tous.

Si cette eau assure les besoins en toilette, lessive ou vaisselle, beaucoup de familles ne la consomment pas en l'état.

À la SNDE, on semble méconnaître les qualités physiques d'une eau potable : incolore, inodore, sans saveur et sans particules.

Désormais, des robinets coule un bouillon rempli de sédiments, au point que les usagers se demandent si l'eau qu'on leur sert est traitée. Et la situation est quasi nationale.

Pour les enfants, voire les adultes qui ne sont pas à l'eau minérale, les cas de diarrhées hydriques sont devenus endémiques.

Même pour la toilette, il n'est pas rare que des corps sensibles éprouvent des démangeaisons après une douche.

Pour leur besoins essentiels en eau, tels la lessive, ou le bain, beaucoup de riverains des cours d'eau qui traversent la ville ont renoué avec des habitudes disparues naguère, du fait de la dangerosité de la fréquentation desdits cours d'eau.

Désormais à Brazzaville, la Tsiémé, Mfilou ou le Djoué attirent à nouveau du monde avec de temps en temps des cas de noyade.

Que dire du manque d'entretien du réseau, avec des tuyaux qui éclatent de partout, innondant la ville et attendent bien longtemps avant d'être réparés, sauf dans les endroits où le président de la république est susceptible de passer.

Le premier ministre a lancé dernièrement un appel de ressaisissement à certaines entreprises. Puisse la SNE et la SNDE, s'amender dans leurs prestations, pour le bien-être des congolais.

Benoît BIKINDOU