Congo – Santé : Le CHU de Brazzaville serait-il devenu un mouroir?

Les services d’imageries médicales, de stérilisation, ou de réanimation dépourvus d'oxygène, sont à l'arrêt. Le Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville est affecté en ses points névralgiques.

Le cri d'alerte de Gisèle Marie Gabrielle Ambiero directrice générale du CHU, a dû sonner dans les oreilles de Clément Mouamba, le premier ministre ou de la ministre de la Santé Lydia Mikolo, comme l'aveu pour eux, d'une non assistance à population en danger.

Même si aucun bilan humain n'a encore été dressé à ce jour sur les conséquences des pannes qui affectent les différents services évoqués, il va s'en dire que le CHU est en passe de ne devenir rien d'autre qu'un mouroir où certains patients sont simplement accompagnés vers la mort, plutôt que d'être soignés.

Depuis le 6 juin, le service de stérilisation du CHU de Brazzaville est à l'arrêt, suite à une panne du système que la société de maintenance refuse d'assurer du fait de la lourde ardoise que le CHU ne peut éponger depuis bientôt un an déjà.

Quinze services chirurgicaux sont quasiment en cessation d'activité, du fait de cette panne.

Pour les urgences chirurgicales, plus grand hôpital du Congo doit squatter les services de l'Hôpital Central des Armées, à 5 minutes d'ambulance du CHU.

Après les opérations, les malades sont ramenés au CHU pour le suivi hospitalier. Là non plus, il faut faire recours à l'oxygénation individuelle par bobonne, le système général étant à l'arrêt, faute de maintenance et d'entretien.

La centrale à oxygène médical, inopérante depuis décembre 2016

Avec ce déficit en oxygène, pour des services tels que la néonatologie ou la réanimation polyvalente, c'est l'hécatombe, même si personne n'ose dresser le bilan macabre.

Alors que l’imagerie médicale du CHU avait franchi le seuil de la modernité et de la fiabilité avec le scanner, la voici désormais repartie au siècle dernier avec pour seule référence, les rayons X. Depuis décembre 2016, le scanner du CHU n'a pas reçu un seul malade, car il reste immobilisé.

Faute d'entretien, le scanner est désormais un meuble d'ornement

11 mois déjà, que le CHU ne s'est pas vu allouer la moindre subvention de la part du gouvernement, alors que les besoins au quotidien se font de plus en plus pressants, surtout en terme de mise en état de fonctionnement des équipements qui, soumis à un flux tendu doivent toujours être entretenus. Hélas...

La directrice générale du CHU n'est pas passée par quatre chemins pour confier que les différents prestataires de maintenance attendent d'être payés, depuis de longs mois déjà.

 Gisèle Marie Gabrielle Ambiero, une dictrice désarmée et impuissante face au déclin du CHU

Son invite au gouvernement pour sauver le CHU de cette situation, et de facto, la vie des congolais est plus qu'un appel de détresse. C'est un râle d'agonie...

Il est bien vrai, que la logique première d'un banquier, c'est le profit. Mais, il s'agit ici d'une question de vie ou de mort. Puisse le premier ministre Clément Mouamba, banquier de profession, comprendre, que par delà la crise et les priorités de son gouvernement, la santé des congolais n'est pas moins prioritaire et ne mérite pas de souffrir de ses économies de bouts de chandelles.

Bertrand BOUKAKA