Congo – Alimentation : La consommation de riz redoutée pour cause de prétendu riz plastique

Née en Afrique de l'ouest avec les fêtes de fin d'année, la rumeur sur un prétendu riz plastique venant de Chine, qui ingéré, obstruerait le tube digestif, est en train de s'enraciner en Afrique, quitte à bousculer les habitudes alimentaires. Au Congo, les consommateurs de riz sont désormais méfiants sur le produit au point que les vendeurs en notent une mévente.

Des vidéos de témoignages des ménagères ayant été confrontées à la cuisson du prétendu riz en plastique, qui inondent les réseaux sociaux, aux inspections diligentées par les services compétents en matière d'alimentation, au Nigeria, au Sénégal ou en Côte d'Ivoire, l'affaire dite du riz en plastique prend des proportions inquiétantes, au point d'entamer le moral des ménages, car le riz est un des aliments de base le plus consommé.

Désormais, les grossistes de riz dans les marchés de Brazzaville ou Pointe-Noire sont obligés de s’évertuer à expliquer que le produit qu'ils vendent ne présente aucun danger pour la consommation.

Ils ont beau multiplier le « walay, c'est bon riz, walay », le doute persiste. Parfois, la démonstration est poussée jusqu'à la cuisson d'une quantité prélevée sur le stock, que le marchand consomme en premier pour montrer sa bonne foi.

Ceux qui soutiennent la théorie du riz en plastique y vont avec une démonstration somme toute « scientifique ».

Cette imitation de riz serait fabriquée avec des patates douces, des pommes de terre et une résine synthétique (du plastique donc). Lorsque les ingrédients sont mélangés, ils forment des grains qui ressemblent au riz.

Un parfum chimique serait ensuite pulvérisé sur ces grains afin de leur donner l’odeur d’une marque de riz onéreuse, le riz Wuchang.

De prétendus échantillons: faux riz à gauche, de forme grossière. Vrai riz à droite

De cette façon, il est difficile de faire la différence entre le riz authentique et le riz en plastique.

Le faux riz ne serait pas en vente aux États-Unis ou en Europe, mais dans d’autres pays notamment en Afrique où il serait écoulé en de très grandes quantités.

Des conseils sont même donnés aux consommateurs, pour être sûr que le riz est authentique. Le vrai riz coulerait dans un verre d’eau, tandis que le faux riz flotte.

Les douanes du Nigeria ont saisi en décembre dernier, 102 sacs de riz suspect, initialement présenté comme un possible « riz en plastique » par les autorités. Des analyses effectuées avaient finalement démontré qu'il s'agissait non pas de plastique, mais de grains de contrebande "contaminés par des micro-organismes" et "impropres à la consommation".

"Après ébullition, le riz était collant et seul Dieu sait ce qui serait arrivé si les gens l'avaient consommé", avait déclaré après la saisie Mohammed Haruna, contrôleur des douanes pour la zone d'Ikeja.

Au Sénégal et en Côte d'Ivoire, on a du se résoudre à des expertises et contre-expertises sur des stocks de riz présentés à tort comme suspects.

Depuis, la rumeur enfle et le doute s'est installé, au point que désormais, les congolais se demandent si ce soit disant riz en plastique est présent sur leur sol. Ils veulent être rassurés.

Pourtant, ils devront attendre encore, car face à ce problème de santé publique réel ou supposé, au ministère du commerce et de la consommation, on est étonnamment coi, comme si l'on y craignait d'être pris en faute.

Benoît BIKINDOU