Parfait Kolélas a choisi « la démocratie à l’africaine Osambé ou Kizonzi » pour régler la crise postélectorale

26 ans après l’avènement de la démocratie au Congo, le bilan reste toujours mitigé. Si on peut reconnaître volontiers qu’un long chemin a été parcouru dans la construction de la démocratie et dans la réalisation des grands projets, force est de constater que beaucoup restent encore à faire. Parmi les grands chantiers qui restent à consolider, il y a la nécessité de conforter la culture de règlement de conflits à l’africaine.

Brazzaville, la capitale congolaise, s’est réveillée lundi matin sous le crépitement des armes à feu. Des tirs nourris, y compris à l’arme lourde, ont retenti dans le sud de la capitale, dans le quartier de Mayanga.

Les premières informations font état d’une possible attaque d’un poste militaire par des hommes appartenant à la milice Ninja. Ce mouvement était proche de l’ancien Premier ministre Bernard Kolelas puis a été récupéré par l’ex-rebelle Frédéric Bintsamou, plus connu sous le nom de pasteur Ntumi, et qui occupe de poste de Haut-commissaire chargé de la réparation des séquelles de la guerre.

Les tirs ont duré près de 2 heures et on compte 17 morts, de nombreux blessés et plusieurs édifices publics incendiés, selon le bilan rendu public par le gouvernement et la police.

Le même jour, Guy-Brice Parfait Kolélas, candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars dernier n’a pas soufflé sur les braises. Au contraire « La cruche » a choisi la belle voie tracée par l’écrivain et chercheur congolais, le Dr Michel Innocent PEYA : « Ossambé ou Kinzonzi » autrement dit l’arbre à palabre pour trouver des solutions idoines à cette crise postélectorale. En claire, une « démocratie apaisée liée aux valeurs africaines, adaptée aux réalités locales » pour paraphraser le Dr Michel Innocent PEYA.

«Nous condamnons toutes les violences d’où qu’elles viennent. Je demande à tous de se ressaisir, car c’est autour de l’arbre à palabre que tout se règle », a déclaré Brice Parfait Kolelas dans un communiqué.

Majorité et Opposition sont donc attendues sous l’arbre à palabres. L’avenir de la Démocratie congolaise est à ce prix.

Le Congo actuellement à la croisée de plusieurs tendances et influences, voire pressions, semble avoir perdu tous les repères pourtant requis pour la construction de son présent et son auto-projection dans l’histoire. Aussi offre-t-il bien souvent l’image d’un pays empêtré dans des conflits violents et insurmontables qui hypothèquent son devenir.

Le Congo peut-il renouer avec une gestion efficace des conflits et la dynamique de la paix dans un monde où les changements rapides lui imposent des impératifs contradictoires ?

S’il est vrai que nulle société ne s’est jamais montrée indifférente à la recherche de la paix ; et à la maîtrise de ce qui en elle menace sans cesse cette paix à savoir les conflits sociaux, il est tout aussi vrai que les procédures et les procédés mis en œuvre pour assurer cette maîtrise ne sont pas identiques dans toutes les sociétés. Force est de constater qu’il existe des différences et des variantes en termes de stratégies, d’efficacité, de symbolisme.

« Osambé ou Kinzonzi » pour le Dr Michel Innocent PEYA est un débat ouvert, contradictoire et public qui vise à réduire la violence contenue dans un conflit et partant à rétablir la paix troublée dans une communauté donnée. Non seulement elle offre l’occasion de régler un problème ponctuel mais permet aussi à tout le groupe social de remettre en perspective ses références, de se ré-imprégner de certaines valeurs et interdits, et en même temps d’en mesurer les limites. Elle institue une véritable pédagogie sociale.

La recherche de la vérité est essentielle à l’efficacité de la procédure qu’institue la palabre. Aussi, les communautés traditionnelles mettent-elles un soin particulier à rechercher et à recueillir l’information juste. Ce qui suppose l’obligation d’entendre les deux parties en conflit par un médiateur qui fait l’unanimité et de les traiter équitablement.

L'opposant Brice Parfait Kolélas certainement inspiré par le Dr Michel Innocent PEYA qui a publié récemment un ouvrage intitulé « Démocratie à l’Africaine Osambé ou Kinzonzi. La vie ou la mort des États » est conscient que les États comme les Nations connaissent et vivent, eux aussi, des situations d’une extrême gravité, ayant besoin de résolutions. Et souvent l’arbre à la palabre est le cadre par excellence pour trouver le juste milieu ou tout simplement le consensus pour parer au pire.

En définitive, si le Congo, engagé dans la voie de la démocratisation depuis 1990 réussissait cet exploit il conquerrait sa place de vitrine démocratique de la sous-région.

Le Peuple congolais qui « rumine » encore les bons vieux souvenirs de la conférence nationale souveraine, attend donc impatiemment que nos acteurs politiques toutes tendances confondues jouent pleinement leurs partitions dans la symphonie du Congo démocratique et pluriel au grand bonheur du pays.

Germaine Mapanga