Présidentielle 2016 : Sassou Nguesso « contré » par « une clé-boa »

Beaucoup se demandaient pourquoi la coalition UDI-FROCAD qui avait fait preuve de son unité n’a pas présenté un seul candidat à la présidentielle de dimanche 20 mars. La raison est désormais connue. Face à Denis Sassou Nguesso, UDI et FROCAD unis ont utilisé la méthode du boa, dixit Guy Brice Parfait Kolélas. Le leader de la CODEHA, « Invité Afrique » l’a relevé dans une interview auprès de Françoise Morice, notre consœur de RFI.

RFI : Guy Brice Parfait Kolelas, pourquoi concourir à cette élection, alors qu’à plusieurs reprises vous avez dénoncé les conditions d’organisation du scrutin ?

Guy Brice Parfait Kolelas : La politique de la chaise vide n’est pas bonne. De concert avec tous les membres de l’opposition nous avons décidé de nous lancer dans la compétition pour faire honneur à notre peuple.

Mais que répondez-vous à ceux qui estiment que tout est joué d’avance et qu’en participant, vous vous condamnez à n’être qu’un figurant en quelque sorte ?

Ce n’est pas joué d’avance. C’est vrai que quand on voit la Commission nationale électorale indépendante, l’opposition est très minoritaire. Mais nous, nous allons sécuriser les bureaux de vote. Notre CENI à nous, ce sera le bureau de vote. Parce que la loi dit que le dépouillement doit être public. Et nous disons au peuple congolais de veiller à ce qu’il soit là quand il y aura le dépouillement et qu’ils sortent avec les procès-verbaux qui montreront qui a gagné.

Et quelle est la première mesure, Guy Brice parfait Kolelas, que vous prendrez si vous êtes élu ?

La première mesure que je prendrai c’est de convoquer les assises sur la réforme de l’Etat. Ces assises me permettront de remettre à plat la Constitution congolaise et de revoir la gouvernance électorale, la gouvernance administrative, judiciaire, législative, économique. C’est un chantier qui prendra 90 jours. A partir de là, j’appellerai le peuple congolais à repartir aux urnes pour un référendum, pour mettre en place une nouvelle Constitution. Parce que ce n’est pas avec cette Constitution que nous pouvons gouverner. Elle a été votée seulement par 5 à 10 % des Congolais.

Vous avez signé un pacte avec quatre autres candidats de l’opposition, en promettant de vous soutenir les uns les autres en cas d’entrave et de vous rassembler au second tour. Pourquoi ne pas vous unir dès le premier tour ?

Nous avons préféré adopter la stratégie du boa. L’étreinte du boa. On pourrait essayer d’empêcher que le candidat ou président sortant puisse gagner dès le premier tour. Pour cela, nous nous sommes dit que chacun doit prendre d’assaut son fief électoral, de façon à ce qu’on empêche le candidat sortant de faire le plein de voix partout.

Et comment réagirez-vous si le président Sassou l’emporte dès le premier tour, comme il l’a promis à ses partisans ?

Nous aussi, nous promettons que nous allons l’emporter dès le premier tour, parce que mathématiquement il est impossible qu’il gagne dès le premier tour.

Et si malgré tout c’est ce qui se passe ?

Il y a les recours constitutionnels pour cela. Cette justice-là a validé nos candidatures. Pendant que certains spéculaient sur nos éliminations pour des raisons factices. Nous faisons confiance en la justice.

Le président Denis Sassou Nguesso se présente comme l’homme qui a ramené la paix au Congo. Est-ce qu’il n’a pas raison après tout ?

La paix, Madame, ce n’est pas seulement une absence de guerre ! La paix, c’est aussi avoir à manger ! La paix c’est avoir du travail ! La paix c’est pouvoir se soigner ! Tout cela manque cruellement aux Congolais.

La métaphore illustrative de Guy Brice Parfait Kolélas renvoie à la forêt pour une rude empoignade entre l’éléphant et le boa.

Pourvu que cette loi de la jungle ne s’arrête qu’à la métaphore.

Arielle KAMBISSY