Présidentielle 2016 : L’opposition met en place sa propre « commission électorale »

Les cinq candidats de l'IDC-FROCAD, la principale plateforme d'opposition à Denis Sassou-Nguesso, ont lancé le mercredi 9 mars, leur propre commission électorale. Son nom : Commission technique électorale (CTE).

En mettant en place cette structure parallèle à la CNEI, l’opposition refuse de lui concéder un blanc-seing lui conférant l’exclusivité des opérations électorales sans qu’elle n’y ait droit de regard, estimant que la CNEI est à la solde du pouvoir.

L’opposition congolaise veut mettre en place, en quelque sorte, une commission électorale bis afin de croiser les résultats.

Elle a pour objectif d’avoir des représentants présents dans tous les bureaux de vote du pays le jour du scrutin pour compiler l'ensemble des procès-verbaux et disposer de ses propres résultats.

« La commission va travailler directement avec les représentants des cinq candidats présents dans les bureaux de vote en ne s’appuyant que sur les fiches des résultats des bureaux de vote dûment établis, signés et affichés après le dépouillement », a expliqué Charles Bowao.

Le coordinateur de l’IDC-FROCAD a ajouté : « A partir de là, nous aurons des résultats en direct et nous pourrons dire qui a gagné l’élection. »

Même si les délais sont courts, Charles Bowao est optimiste. Il promet que d'ici lundi l'équipe de la CTE aura pu recruter des représentants pour les 5 300 bureaux de vote du pays.

La démarche est plutôt jugée insurrectionnelle pour le gouvernement. « Sur la base de quel texte de loi, l’opposition peut proclamer les résultats ? », s’est interrogé Thierry Moungalla. Le porte-parole du gouvernement a poursuivi : « Sauf si on me démontre que monsieur Bowao est entre-temps devenu président de la République, et qu’il a le droit de créer une commission électorale et d’en nommer les membres, je ne vois pas quelle est la légalité de la commission technique comme ils l’ont appelée, si ce n’est s’engager dans une démarche insurrectionnelle. »

Le porte-parole est formel : seule la CNEI sera habilitée à collecter et proclamer les résultats de l'élection présidentielle, conformément à la loi.

De nombreux observateurs rétorquent qu’il n’y a pas de mal à ce que la clarté des opérations électorales s’étale au grand jour, s’il n’y a rien à cacher, si cela peut éviter des remous lourds de conséquences.

Rappelons que ces pratiques de commissions électorales dites citoyennes ont fait leurs preuves au Sénégal avec le « sopi » lors de la victoire d’Abdoulaye Wade en 2000 et il y a quelques jours au Bénin.

Les différents états-majors politiques compilent les résultats et s’évitent la suspicion d’une éventuelle fraude quand ceux-ci sont officiellement publiés.

Arielle KAMBISSY