Législatives 2017 : Il peut y avoir une majorité de coalition, selon Antoine Evoundou

Le préfet Antoine Evoundou, chef de la Direction générale des affaires électorales (DGEA), a déclaré, dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, qu’ « il peut y avoir une majorité de coalition. Il y a trop de candidats indépendants, personne ne sait aujourd’hui comment ces derniers vont se positionner une fois élus ».

Quel est le principal enjeu de ces élections organisées une année après la réélection du président Denis Sassou Nguesso ?

Avec la nouvelle Constitution, le Congo-Brazzaville est passé d’un régime présidentiel à un régime parlementaire. L’enjeu principal de ces élections législatives, c’est de permettre la mise en place d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale. De celle-ci seront issus le Premier ministre et son gouvernement qui seront nommés par le président de la République.

Il y a cependant un autre enjeu qui découle de ces législatives : le statut du chef de l’opposition. Celui-ci reviendra au groupe de l’opposition le plus important au sein de l’Assemblée nationale. C’est une première au Congo-Brazzaville. Ce chef de l’opposition pourra, entre autres, être consulté à diverses occasions. Porte-parole officiel de l’opposition, il sera aussi protégé par la loi et disposera de certains privilèges. C’est une façon pour la République de prendre en compte une partie de l’opinion qui ne s’est pas exprimée en faveur de la majorité.

En termes de gouvernance électorale, quelles sont les mesures prises en amont et en aval pour garantir la transparence de ces élections ?

Depuis 2011, il y a une transparence totale au niveau des bureaux de vote. Leurs membres sont désignés de façon paritaire. Ils proviennent ainsi de la majorité, de l’opposition, du centre et de la société civile. Aussi faut-il souligner l’obligation légale de proclamer les résultats du bureau de vote séance tenante et après le dépouillement, d’afficher le procès-verbal signé dont un exemplaire est remis à chaque délégué des candidats. On ne peut pas être plus transparent ! Même les assesseurs dans les bureaux de vote sont désignés de façon paritaire.

Ensuite, le système électoral voudrait que tous les résultats des bureaux de vote d’une circonscription remontent à la commission locale d’organisation des élections qui dépend de la CNEI. Cette commission locale est également paritaire. Auprès de cette structure, il est dépêché un représentant de la CNEI. Son rôle est de certifier les résultats.

Pourtant la plateforme Fédération de l’opposition qui ne participe pas à ces élections, continue de réclamer l’amélioration de la gouvernance électorale au Congo-Brazzaville. Comprenez-vous leur exigence ?

Qui connaît un seul pays africain où l’on ne conteste rien en matière électorale ? Partout, c’est pareil. Tous ceux qui critiquent le processus électoral au Congo-Brazzaville ne connaissent même pas le contenu de la loi électorale parce qu’ils ne l’ont jamais lue.

Le taux de participation, n’est-ce pas un autre enjeu de ces législatives qui semblent ne pas intéresser les Congolais ?

Nous n’avons pas un seuil planché de participation pour valider une élection. Toutefois, lorsqu’on se retrouve en deçà des 5 %, on peut logiquement se poser la question de la légitimité des élus.

Mais, en même temps, il ne faut pas non plus bercer dans une espèce d’angélisme. Aujourd’hui, on assiste à une désaffection réelle pour les élections dans la plupart des pays. Même si ce sont toujours les opposants qui reprennent ce désintérêt de la population à leur compte. Qu’à cela ne tienne, nous assumons le fait qu’il y a un grand désintérêt. Nous ne savons pas comment les gens vont se mobiliser. Surtout que c’est la première fois que les locales sont couplées aux législatives.

Dans tous les cas, le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) demeure le grand favori de ces scrutins. Une surprise est-elle envisageable ?

On ne peut pas préjuger d’une élection. L’idéal pour le PCT serait d’avoir une majorité nette pour qu’il ne soit pas obligé de faire des petites combinaisons, d’aller voir à gauche et à droite pour la constituer. Il en est de même pour tous les autres partis, y compris l’UPADS [Union panafricaine pour la démocratie sociale, principal parti de l’opposition]. Ce dernier n’a aligné certes que 43 candidats [pour les 151 sièges à pourvoir], mais il peut y avoir une majorité de coalition. Il y a trop de candidats « indépendants », personne ne sait aujourd’hui comment ces derniers vont se positionner une fois élus.

Germaine Mapanga /source Jeune Afrique