Congo – Pool : Des morts ghanéens présentés comme des victimes des massacres au Pool

Une vingtaine de corps dévêtus, allongés à même le sol, recouverts de feuilles et de branchages, entourés d'hommes et de femmes apparemment en prière dans une clairière. Ces images ont été présentées sur les réseaux sociaux comme étant celles des victimes civiles du Pool, exécutées par l'armée en représailles de l'attaque des ninjas nsiloulou qui a occasionné des morts dans les rangs de l'armée.

Des sites dits sérieux, traitant de l'actualité congolaise ont repris avec des commentaires qui ont créé l'émoi, des images d'une catastrophe survenue au Ghana mais présentées comme celles des victimes de militaires de la guerre au Pool.

Cette nouvelle a jeté l’effroi auprès de nombreux congolais qui se sont sentis révoltés, si tels que présentés, ces massacres étaient une action délibérée des soldats congolais déployés dans le Pool.

La hiérarchie militaire a même été interpellée. Elle a nié les faits certes, mais a lancé une enquête pour savoir, de quoi il en résultait car ces actes gravissimes, qualifiés de crimes de guerre, engageaient le commandement.

Le pot au rose a été découvert, car il s'agit en fait des images de jeunes ghanéens décédés par noyade en mars 2017.

Selon la version locale, certains de ces jeunes avaient eu dans l'eau, des ébats sexuels qui auraient déchaîné la colère de la nature.

La presse locale titrait : Ghana: Mort tragique de 18 lycéens provoquée par des chutes d’arbres.

Et l'on pouvait lire : « Vingt au total, sont-ils, qui ont subi la loi de la nature à travers une tempête dévastatrice, lorsqu’ils s’amusaient à nager dans les chutes de Kitampo dans la région touristique de Brong-Ahafo, dans le centre du pays. Cet orage a provoqué le déracinement de beaucoup d’arbres, causant ainsi dans leurs chutes la mort de 18 lycéens selon la déclaration d’un secouriste sur place.

Les secouristes extraient les corps de la rivière

« Ils nageaient dans la rivière lorsqu’une tempête accompagnée de violentes bourrasques de vent a déraciné des arbres qui sont tombés sur eux Ils sont morts écrasés par des chutes d’arbres », a-t-il expliqué. »

De là à transposer ces images en des victimes de militaires dans le Pool, ne présentant de surcroît aucune trace d'une action par balle, l'intox et la désinformation sont à leur comble.

Ils est vrai que des congolais meurent dans le Pool. Forces en belligérance ou populations, chaque mort est un mort de trop, qui ne devrait en aucun cas réjouir personne. Mais, de là, à fabriquer des massacres pour ne sait-on quel dessein, l'action est en elle même criminelle, pour ces pseudo confrères, dénués de toute déontologie et d'éthique journalistiques.

Doit on encore rappeler, que l'information est un produit qui se manipule avec précautions ? Elle est parfois comme un couteau. Armez-en un chirurgien et un assassin, chacun s'en servira différemment.

Bertrand BOUKAKA