Congo – Médias : Philippe Mvouo a t-il été ligoté par la garde du ministre Moungalla ?

Selon une rumeur diffusée sur le net par certains médias en ligne traitant de l'information congolaise, le président du Conseil Supérieur de la Liberté de Communication Philippe Mouvo aurait été déposé dans un commissariat de Brazzaville par le ministre de la communication Thierry Moungalla, après que les hommes de sa garde l’eurent ligoté.

Quel scoop ? Voila une de ces nouvelles dont raffole la toile et qui font le buzz à la vitesse de l'éclair. On se passe le mot, on téléphone des amis ou des proches, pour leur demander s'ils sont au courant de ce qui se passe à Brazzaville.

Les commentaires ont fusé de partout, du genre « moto a séparé té ». Sauf que dans le cas d'espèce, certains lecteurs se sont montrés trop crédules, manquant même de jugeote et surtout de lucidité dans la séparation de pouvoirs entre les deux institutions et quel que soit le différend qui les eût opposé, jamais le ministre Moungala aux mœurs policées, quoi qu'on en dise, n'aurait eu recours à pareilles pratiques, qui plus est, envers un aîné.

D'autres lecteurs incrédules, dans le souci de recouper les sources ont contacté la permanence dominicale de notre rédaction, pour démêler le vrai du faux.

Entrée en contact avec les instances du Conseil Supérieur de la Liberté et de Communication, notre rédaction s'est entendue dire qu'il s'agissait là d'une rumeur fantaisiste, telle une plaisanterie de mauvais goût.

Fraîchement rentré du Bénin, le président Mvouo se reposait, quand on lui a appris qu'il avait été ligoté sur ordre du ministre Thierry Moungalla et déposé dans un commissariat.

Philippe Mvouo ligoté, une machination du net

D'ailleurs, le buzz crée par cette rumeur a fait que le téléphone du président du CSLC et de ses proches n'ont cessé de sonner de la journée, les uns et les autres cherchant à s'enquérir de la situation réelle. Même chose du coté du ministre Moungalla.

Entre désinformation et puissance de nuisance du net, c'est le président Mvouo qui aura vécu par la preuve, le thème de la 8ème Conférence des Instances de Régulation de la Communication d’Afrique (CIRCAF) à laquelle il venait de participer à Cotonou au Bénin : « Appréhender le contexte de régulation des supports de diffusion numérique et des médias en ligne ».

Cette conférence a entre autres questions, traité de la Régulation des médias à l’ère du numérique.

Dans son allocution d’ouverture, le président en exercice du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC), a indiqué que la Conférence des Instances de Régulation de la Communication d’Afrique (CIRCAF) est à la fois une rencontre d’échanges et un creuset de réflexion sur un thème d’actualité traitant des questions relatives à la régulation des médias à l’ère de la société de l’information.

Abdrahamane Ousmane a rappelé qu’à la 7ème CIRCAF, tenue à Niamey en décembre 2013, il a été fait l’état des lieux des processus de transition vers le numérique en Afrique, et défini le rôle des instances de régulation des médias.

« À la 8ème CIRCAF, nous aborderons, cette fois-ci, une question centrale, primordiale et actuelle : la régulation des médias à l’ère du numérique. Nous savons tous que l’avènement de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) a induit un bouleversement dans le paysage audiovisuel, notamment au niveau de la chaîne des valeurs qui appelle la prise en compte de nouveaux acteurs» a-t-il ajouté.

Il a souligné qu’il devient dès lors impérieux de procéder à une relecture du cadre juridique et institutionnel de la régulation et de la communication dans nos pays respectifs. Ces nouveaux défis amènent les instances de régulation à se poser de nombreuses questions sur la régulation des supports de diffusion numériques et des médias en ligne : opportunités et défis ».

Voila qui pose le problème des hommes formés, de déontologie et d'éthique dans le traitement et la diffusion de l'information en ligne et surtout de la fiabilité des sources, voire du cadre juridique et du contrôle du produit mis à la disposition du plus grand nombre, dans des pays fragiles comme le Congo.

Profitant des avancées technologiques, plus en plus, l'information est manipulée par des mains inappropriées, avec tous les risques d'implosion que cela comporte.

Il y a de quoi convenir de façon somme toute personnelle avec Werner Von Braun : « l'information n'a pas de dimension morale, elle est comme un couteau. Armez-en un chirurgien et un assassin, chacun s'en servira différemment. »

Bertrand BOUKAKA