MESSAGE DU PRESIDENT DENIS SASSOU-NGUESSO, A L’OCCASION DU 56eme ANNIVERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DU CONGO

Congolaises, Congolais, Mes chers compatriotes,

Comme chaque année depuis 56 ans, nous avons rendez-vous demain 15 août avec l’histoire et avec l’avenir.

Le quinze août est une date emblématique qui représente à elle seule : l’indépendance de notre pays, la liberté de notre peuple et la souveraineté de notre Etat. Indépendance, liberté, souveraineté : trinité qui justifie la naissance de la République du Congo. C’est ce pourquoi les pères fondateurs de notre nation se sont battus des années durant.

La commémoration du 15 août est l’occasion d’honorer la nation rassemblée ; de magnifier les valeurs qui servent de fondement à la République et à notre désir partagé de vivre ensemble.

Ces valeurs que sont l’"unité", le "travail" et le "progrès", les géniteurs de notre indépendance les ont établies en les élevant au rang de règles de notre vie commune et de notre action collective. Ils nous les ont léguées comme fil conducteur de notre cheminement vers le développement.

La devise du Congo, " Unité - Travail - Progrès" est, dans son ordonnance et sa pertinence, un véritable mot d’ordre. Elle est en soi tout un programme.

Elle nous appelle à l’unité.

Unité d’hommes et de femmes qui se reconnaissent comme étant les filles et les fils d’un même peuple, les ressortissants d’un même pays, les citoyens d’une même nation.

Unité, synonyme de concorde, de cohésion, de paix et de confiance à l’opposé de la haine, de la discorde, de la division, des violences et de la méfiance.

Unité de destin sans laquelle ne peut se manifester ni se réaliser aucun projet d’ensemble, aucune ambition générale.

Après l’appel à l’unité, la devise du Congo nous invite au travail, valeur fondamentale grâce à laquelle se construisent les nations. Le travail est un impératif de la vie des hommes et des nations. C’est le travail qui rythme leur évolution en fait de bien-être, de richesses et de développement. C’est le travail qui consolide la liberté individuelle et collective. C’est le travail qui conforte la souveraineté des Etats.

Notre devise nous enseigne enfin que le progrès est inséparable de l’unité et du travail. Il est leur corollaire naturel. La récompense d’un peuple uni et travailleur, c’est évidemment le progrès.

Voilà donc, mes chers compatriotes, le sens de notre indépendance et le défi de notre souveraineté. Chaque génération congolaise depuis 56 ans, œuvre avec ses moyens et ses possibilités à la réalisation de cette promesse de nos aînés, afin de se rendre digne de leur héritage et de notre indépendance. Notre propre action est inscrite dans cette dynamique. Hier avec la « nouvelle espérance » et le « chemin d’avenir », aujourd’hui avec la « marche vers le développement », le nouveau contrat social que nous mettons en œuvre sur les soubassements politique, institutionnel, économique et social dont nous avons doté notre pays.

La nouvelle Constitution est en train de prodiguer ses effets. Sous son empire, le nouveau Président de la République a été élu ; un gouvernement a été nommé. Ce nouveau gouvernement, largement ouvert aux jeunes et aux femmes, est actuellement à l’ouvrage, chargé d’inaugurer le vaste chantier de la « marche vers le développement », projet de société qui fonde le pacte qui nous lie, vous et moi.

La responsabilité du gouvernement est de répondre à vos attentes et à vos préoccupations. Sa mission plurielle est d’amener les hommes et les femmes au cœur du développement ; de traduire dans les faits notre engagement de diversifier l’économie ; d’investir dans la formation des jeunes pour relever les défis du chômage et de la pauvreté ; de restaurer notre appareil productif afin de générer de nombreux emplois ; de poursuivre la modernisation et l’industrialisation du pays ; de renforcer la démocratie participative et le dialogue national.

J’entends beaucoup, ces temps-ci, nombre de nos compatriotes parler de morosité et de crise, et même de faillite. Il est vrai que notre pays traverse des difficultés conjoncturelles aigues dues, principalement, à l’effondrement des cours du pétrole. Et, il n’est pas le seul. Comme chacun le sait, la longue marche vers le développement n’a jamais été un long fleuve tranquille, pour aucun pays.

Le chemin est souvent parsemé d’embûches, de récifs, et d’obstacles divers. Il n’y a pas de fatalité où nous devrions nous laisser emporter. Bien au contraire ! Les difficultés, aussi aiguës soient-elles, ne doivent en aucun cas être la fin de l’espoir, encore moins du progrès. Elles seraient plutôt la bonne occasion d’ensevelir les mauvaises habitudes et de faire naître des nouvelles, propices au progrès et à la continuité de la marche vers le développement.

A la condition que les dirigeants et le peuple sachent tirer les leçons du passé et s’arment de la volonté de bâtir du nouveau plus solide que ne l’étaient les choses du passé. L’avenir du Congo dépend donc de la capacité de son peuple et de ses dirigeants à opérer des réformes qui permettent au pays de s’affranchir de sa dépendance du pétrole, du chômage des jeunes, de la répartition encore inégale des richesses nationales et de tous les maux inhérents au sous-développement. Le moment est venu de développer encore plus la production agricole et industrielle, ainsi que celle des différents services utiles à la nation. Voici venu le temps des profondes réformes structurelles pour créer des emplois en grand nombre, pour étendre la protection sociale à tous, pour moderniser l’économie et la société, pour bâtir le développement inclusif et durable. Il n’y a pas de place dans notre esprit pour la fatalité.

Le 15 août, jour sacré de notre indépendance, peut-être un jour de résolution. Réitérons dès à présent notre détermination à gagner la grande bataille de l’indépendance économique. Car, c’est l’indépendance économique qui va parachever notre indépendance et notre souveraineté. Nous ne serons totalement indépendants, nous n’exercerons la plénitude de notre souveraineté que si nous produisons l’essentiel de ce que nous consommons, si nous atteignons l’autosuffisance alimentaire, si nous mettons tous les jeunes ou presque tous au travail, si nous réduisons profondément les inégalités, si nous facilitons au plus grand nombre l’accès à un logement décent, aux soins de santé, à l’éducation, et si nous couvrons tous les besoins du pays en infrastructures de base.

Alors, battons-nous ensemble pour gagner cette bataille majeure, cette bataille vitale. Je veux vous rassurer. La mauvaise passe actuelle sera surmontée comme nous avons eu à en surmonter des plus importantes par le passé. Les nations fortes sont celles qui transforment les moments de crise en temps d’espérance. L’Etat est à l’œuvre pour conjurer le mauvais sort. C’est la responsabilité de l’Etat d’engager sans attendre des réformes hardies de son initiative et dont il doit être le seul maître.

Mes chers compatriotes,

Le 15 août est aussi jour d’allégresse. Jour de gloire où nous proclamons notre fierté d’être Congolais ; où nous célébrons notre liberté ; où nous renouvelons le pacte de notre unité et ravivons la flamme de la concorde nationale afin que, jamais, la promesse de nos aînés ne sombre dans les ténèbres.

Honorons la fête de la liberté, la fête nationale dans la joie d’aujourd’hui, l’espérance de demain et l’effort de tout le temps qui doit faire de nous les bâtisseurs de notre destin.

Ainsi vivra toujours et à jamais notre chère patrie dans l’unité, le travail et le progrès.

Vive l’indépendance nationale,

Vive la République, Bonne et heureuse fête à tous!